830 REVUE DES DEUX MONDES. (18 août 1794), l'avocat Lavaux pour cris de Vive le Roi ! et attentats à l'arbre et au bonnet de la Liberté ; le 5, Mitre- Gonard, vicaire constitutionnel de l'évêque d'Aix, « pour fédéralisme et fanatisme » ; le 6, Baillemont, agent de change, pour faux certificats délivrés à des émigrés ; le 11, Servin, ancien notaire à Étampes, pour avoir mal parlé des assignats, dit que la banqueroute était inévitable, détourné des volontaires de partir Pauvre Servin, dont les propos dataient de 1792, qui les niait d'ailleurs, qui avait été acquitté une première fois, et qui produisit vainement à l'audience la correspondance qu'il entretenait avec ses fils enrôlés dans les armées de la République ! Quelle devait être l'angoisse d'Henriette ! Le dossier de M. de Beaulieu n'était pas moins chargé que celui du vieillard guillotiné : « Ex-noble et aristocrate, lisait-on dans le dossier de M. de Beaulieu. Ses relations, ses liaisons : avec les aristocrates et ci-devant nobles ; a toujours maltraité les patriotes. Lorsque, par les cabales, il a été nommé maire en 1'790 (vieux style), cette année de gestion a été des plus tumultueuses ; il n'a fait que favoriser l'aristocratie et punir les patriotes ; homme impérieux et à craindre ; n'a jamais montré que du mépris pour la Révolution. Lorsque la République a éprouvé le moindre revers, a montré toujours une tête altière. Il faisait partie d'un rassemblement ou cloub (sic), où quantité d'aristocrates se réunissaient pour faire échouer la République. » C'est le 19 fructidor (5 septembre 1794) que M. de Beaulieu subit son premier interrogatoire. Le voici tel qu'il est conservé aux Archives nationales (où l'on ne retrouve ni celui de son fils, ni celui de M. de Rochemont). Dans l'une des salles du Palais, en présence de l'accusateur public, le juge Lavollée, assisté du greffier Josse, pose les questions au prévenu : - Demande : S'il connaît les motifs de son arrestation. - Réponse : Qu'il croit avoir été arrêté comme aristocrate et conspirateur et ex-noble. - Demande : S'il est réellement noble. - Réponse : Qu'il est né roturier, qu'il avait acheté une charge à la chancellerie qui, par un laps de temps, aurait pu lui procurer la noblesse, laquelle a été supprimée avant le temps prescrit. - Demande : S'il a fait quelque acte de civisme. - Réponse : Qu'il a fait tout ce qui dépendait de lui, soit |