56G REVUE DES DEUX MONDES. fonctionnement d'une unité d'instruction. Prenons le cas d'une compagnie de 130 hommes. Elle comprend trois demi-contingents ; le dernier incorporé est de beaucoup le plus nombreux. Au bout de six mois, en effet, les déchets inévitables dans chaque classe se sont produits. Les malades ont été éliminés, réformés. Les gens de métier, tailleurs, cordonniers, etc., ont été versés à la compagnie hors-rang. Les théàtres d'opérations extérieurs ont enlevé une partie des hommes, les plus solides. Les aînés de cinq enfants ont été congédiés au bout d'un an. Tous ces départs ont diminué le nombre des soldats des deux demi-classes les plus anciennes. Le dernier demi-contingent incorporé représente donc plus du tiers de l'effectif total de la compagnie ; on l'évalue généralement aux 2/5, soit environ 50 à 55 hommes. Pendant cinq mois, ces 55 hommes vivent à part ; ils ne se mélangent pas, au point de vue de l'instruction, au reste de l'unité. Cela étant admis, un6 question vient naturellement à l'esprit : sur combien d'hommes appartenant aux deux demicontingents les plus anciens peut-on compter, pour un exercice de perfectionnement ou de spécialités ? La réponse est difficile. Elle dépend d'un chiffre essentiellement variable, du nombre des employés présents dans chaque unité. On l'estime à 25 au minimum. La compagnie normale ne dispose donc, gradés compris, que de 50 hommes au maximum susceptibles de poursuivre leur instruction, à la condition, bien entendu, que la compagnie n'ait à assurer aucun service de garde, qu'elle n'ait à fournir aucune corvée. Dans les unités les mieux partagées, les commandants de compagnie s'estiment heureux le jour où ils peuvent réunir 30 à 35 hommes, gradés compris, pour un exercice de perfectionnement. L'INSTRUCTION DEVENUE INSUFFISANTE Dans ces conditions, quoi d'étonnant si le jeune soldat quitte le régiment avec une instruction insuffisante ? On n'a pas consacré à sa formation le temps nécessaire ; il est resté un soldat du rang, peu apte à la manoeuvre en rase campagne ; il ne pourra jamais faire un chef de groupe. Il se trouve aujourd'hui des théoriciens pour soutenir qu'en deux ou trois mois, il est possible de faire un bon soldat. Et ils |