718 REVUE DES DEUX MONDES. de lui dans toutes les régions de la France. La déclaration ministérielle de M. Herriot, suivie du débat sur l'ambassade auprès du Vatican, est apparue aux catholiques comme une provocation, une déclaration de guerre ; et c'en était une en effet, quoi qu'en puisse dire le président du Conseil, car le rétablissement de l'ambassade était, aux yeux des catholiques, un signe de paix et de réconciliation, conséquence de la guerre et gage de cette nouvelle politique d'union nationale que la nécessité de restaurer les régions dévastées et les finances obérées imposait à tout gouvernement. Le rétablissement des relations diplomatiques avec le Vatican était aussi, pour le gouvernement de la République, un gage que l'activité des catholiques en tant que catholiques s'exercerait sur le terrain religieux et national plutôt que sur le terrain politique. Les radicaux ont brisé l'arche d'alliance et les catholiques en ont conclu qu'ils voulaient la guerre. Les maladroites provocations à l'Alsace et à la Lorraine achevèrent de les en convaincre ; plus encore que l'ambassade, l'Alsace était l'arche sainte, le symbole des grandes choses que la France unie peut réaliser, la parure et la joie de la patrie victorieuse ; le Cartel trouva le moyen d'en faire un objet de discorde, d'y exercer ses passions sectaires, d'y blesser les consciences ; les « lois laïques » apparurent à tous plus tyranniques et plus funestes quand il s'est agi de les imposer aux provinces recouvrées. La neutralité scolaire n'était-elle pas, comme l'avait avoué M. Viviani en un jour de franchise, un mensonge diplomatique ? En même temps, dans nos villes et villages, les élections du II mai furent le signal de la réorganisation des cadres et de la reprise des hostilités d'un sectarisme que l'on avait cru mort et qui préparait le retour du « régime abject », de la délation organisée et de l'exploitation de la République par un parti au profit d'une secte. Telle nous apparaît la genèse psychologique de la déclaration des cardinaux. Depuis les élections, le laïcisme antireligieux, par l'organe du gouvernement, notanT ment dans le débat sur l'ambassade, s'érigeait en Église avec ses dogmes « intangibles », ses infaillibilités, ses excommunications : la majorité.des prélats réunis à Paris a jugé nécessaire de publier un « rappel de.principes ». Que les cardinaux et archevêques n'aient pas eu l'intention de, faire un acte politique, la preuve en est dans les circonstances qui « accompagnlent la déclaration. Ils n'ont ni consulté ni avisé le nonce, représentant du Pape, qui n'a connu la déclaration que par la presse : le cardinal Dubois a tenu à le déclarer publiquement. Ni les sénateurs |