'HO REVUE DES DEUX MONDES. tage de l'Empire ottoman devait revenir à l'Angleterre. Dans la détestable politique qui débarqua l'armée grecque à Smyrne pour en faire « le soldat continental » de l'Empire britannique en Anatolie, et qui offrit aux Turcs l'occasion de leurs victoires de 1922, il porte une lourde part de responsabilités. Secrétaire d'État pour les Affaires étrangères dans le cabinet Bonar Law, il ne se consola pas, à la mort de celui-ci, de n'être pas choisi pour lui succéder ; il resta néanmoins au Foreign Office durant le ministère Baldwin et, dans l'affaire de la Ruhr, il poursuivit contre la France une lutte âpre et tenace. On ne saurait trop regretter qu'en face de M. Poincaré il ne se soit pas trouvé un homme plus compréhensif, moins obstiné dans ses conceptions surannées. Après les élections de 1921, dans le nouveau ministère Baldwin, lord Curzon fut écarté du Foreign Office et devint lord président du Conseil, poste surtout honorifique, qui implique les fonctions de leader parlementaire à la Chambre des Lords. Les Anglais, qui ont toujours su rendre justice aux éminents serviteurs de l'État, honorent en lui l'un des grands proconsuls de l'Empire britannique. Dans les délicates questions actuellement en suspens, il s'agit de savoir dans quelle mesure l'Angleterre, à la tête de son empire, peut et doit s'engager dans les affaires de l'Europe continentale : la disparition de lord Curzon n'a rien, à ce point de vue, qui puisse nous inquiéter, au contraire ; son influence s'exerçait généralement à l'encontre de celle de M. Austen Chamberlain ; il avait été parmi les adversaires du protocole de Genève. Nous avons laissé, il y a quinze jours, M. Chamberlain en route pour Genève après un entretien avec M. Herriot. Il y lut, le 12 mars, devant le Conseil exécutif de la Société des nations, une note approuvée par la majorité de ses collègues du Cabinet britannique et dont la rédaction, empreinte d'ironie philosophique, décèle la main experte et l'élégant scepticisme de lord Balfour. Nous savons les raisons profondes pour lesquelles le Gouvernement conservateur refuse d'adhérer à un protocole dont l'initiative revient au Premier ministre travailliste et qui fut adopté à l'unanimité par l'Assemblée de la Société des nations en octobre dernier ; les Dominions rejettent tout pacte qui les obligerait à intervenir dans les affaires du continent européen. Il s'agissait de colorer ce refus de raisons sérieuses ou plausibles. Dans la critique très serrée que la déclaration anglaise fait du protocole, on trouve de l'excellent et du médiocre ; personne n'a jamais prétendu d'ailleurs que 1'ccuvre de la 5e session |