108 fEVUE DES DEUX MONDES. renfort d'instruments et par les notes les plus hautes, poussées furieusement, de la voix féminine ou virile. L'abus de la manu re forte, voilà le défaut capital de la partition de M. Mazellier. Passe pour la tempête, ou les tempêtes, car il y en a deux. Elles peuvent prendre rang, un rang moyen, parmi les nombreux gros temps du répertoire. Mais ailleurs, presque partout ailleurs, manque le charme, la grâce, le sourire, füt-il baigné de pleurs, de l'amour. C'est dans un autre sentiment, dans un autre style que nous fut contée en musique une aventure plus moderne, mais du même genre, non pas napolitaine, mais japonaise. Vous devinez tout de suite que nous pensons, non pas à Mme Butterfly, mais à la délicate, à la délicieuse Mme Chrysanthème de M. André Messager. Tout de même il y a quelque chose là. Oh ! quelques petites choses pas plus, mais qu'il est équitable de recueillir : la tarentelle du premier acte ; au second, une cantilène de Graziella, mélancolique, de couleur populaire et joliment italienne. Un intermède symphonique, très simple, très calme, (le lever du jour sur le golfe de Baïa), n'est pas à mépriser. Et ces agréables pages doivent leur agrément à leur douceur. La même qualité fait du dernier acte, la mort de Graziella, de beaucoup le meilleur. La musique s'y affine, s'y at t énue, et, pour cette foi, sun vers de Lamartine, murmuré par la voix lointaine du poète, que la mourante croit entendre et qui l'aide à mourir, nous donne une impression, peut-être un peu banale, mais qui n'est pas loin de nous émouvoir. Graziella, c'est M'le Brothier, dont la musique actuelle, constamment tendue et forcée, risque de dévelouter et de durcir la voix. M. Vieulle (Andréa, le grand père) est un excellent artiste, toujours bien disant et bien chantant. « Le poète » (M. Marcellin) est doué d'une voit nasale. Quelques personnes ont trouvé qu'il ressemblait moins à Lamartine, surtout à un Lamartine de dix-huit ans, qu'au roi Louis-Philippe. Et l'Opéra-Comique nous fit voir une Procida plus claire, plus napolitaine, que la Capri de l'Arlequin à l'Opéra. CAMILLE tELLAI4UE. |