674 (EVUE DES DEUX MONDES. serruriers confédérés, car il serait aisé de répondre que c'est plutôt l'inverse. « Ce n'est pourtant pas de notre faute, si aux dernières élections, des candidats radicaux ou socialistes se sont engagés à défendre le programme minimum librement établi par laC. G. T. » Quant à la collaboration de classes, dont ils font un grief à laC. G. T., les unitaires ne peuvent pas l'éviter. Ils la pratiquent d'une manière continue dans les conseils de prud'- hommes, où ils siègent côte à côte avec les patrons et abordent de concert avec eux « une jurisprudence qui : s'étend paternellement sur les antagonismes qu'ils dénoncent eux-mêmes comme irréductibles ». De même, quand ils interviennent auprès des ministres pour demander l'application de certains règlements ou présenter des réclamations sur des atteintes portées à la journée de huit heures ou au droit syndical. C'est bien agir en réformistes. Ils voient aussi de même la plupart des questions d'actualité. Dans leur dernier Congrès, chacune des deux Confédérations a émis des voeux à peu près identiques sur l'immigration des ouvriers étrangers. Leurs opinions ne peuvent pas ne pas se confondre, car les syndicats ouvriers, et c'est une de leurs faiblesses, regardent toujours les questions d'ordre général de leur point de vue particulier. Ils se préoccupent seulement des répercussions que telle solution peut entraîner sur les conditions de vie des ouvriers et veulent ignorer systématiquement la coinplexité des problèmes économiques et sociaux. LaC. G. T. n'a jamais varié dans les méthodes d'action qu'elle préconise. Quand en 1919, puis en'1920, elle a tenté de provoquer la grève générale, elle n'a fait qu'appliquer une partie essentielle de son programme, tel qu'elle l'a formulé dès le début. Elle a d'ailleurs reconnu formellement que ces grèves avaient un caractère révolutionnaire et d'expropriation. Aussi, lorsqu'en 1920 le Gouvernement décida de poursuivre laC. G. T. pour son action illégale, sa condamnation ne fut-elle pas difficile à justifier. En poursuivant des fins politiques au lieu de défendre des intérêts professionnels, elle est constamment sortie de son cadre. C'est ce que la Chambre de commerce de Lyon a très bien dit, quand elle a demandé au président du conseil d'appliquer à cette union de syndicats les sanctions que la loi de 188i prévoit pour infraction au statut syndical. |