488 REVUE DES DEUX MONDES. pour un appartement.. Partout, les loyers avaient ".ugmen-t4 Ensuite, c'étaient des malheureux, qui avaient perdu'leur patrie, qui avaient dû abandonner leurs biens et dont quelquesuns él.aient ruinés. On leur disait : Ne -volis désolez pas ! L'an prochain, vous rentrerez chez vous. Les Français vont reprendre Metz et Strasbourgl Mais, en même temps, on réfléchissait que, pour reprendre Metz et Strasbourg, il fallait une nouvelle guerre. Et, depuis des siècles, notre pauvre pays était si cruellement foulé et désolé par la guerre, la dernière nous avait mis si bas, si complètement humiliés devant le vieil ennemi, que, dans le secret de nos coeurs, nous faisions des voeux pour ne la revoir jamais. Si encore la revanche avait été sûre I Si elle avait dû être prompte, courte et joyeuse ! Mais hélas ! nous doutions de la France, mal gouvernée, sans chef, ayant toujours peur de la force et marchandant les sacrifices nécessaires. Alors mieux valait se tenir tranquilles, espérer de circonstances providentielles le redressement de l'injustice 1... Pourtant, nous sentions bien que cela même n'était pas possible. En dépit que nous en eussions, en dépit que la France en eût, il faudrait encore une fois subir la guerre. Pendant dix ans, nous avons cru que c'était pour le printemps prochain. Après cela, on a pu s'imaginer que le danger s'éloignait. Mais il demeurait toujours latent. La moindre alerte nous rejetait dans toutes nos transes. En ce mois d'octobre 1875, lorsque j'arrivai à Briey, cet état de malaise était encore dans sa période aiguë. Pour nous donner le change à nous-mêmes, nous affections un espoir intrépide. Toutes nos soirées musicales se terminaient par le refrain fameux, et, en quelque sorte, obligatoire : Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine Et, malgré vous, nous resterons Français !.., Même chose à l'église, où les jeunes filles, massées sur la tribune des orgues, s'égosillaient à chanter : Sauvez, sauvez Rome et la France !... Nous affirmions au moins notre volonté de ne pas être des vaincus. Et si beaucoup, malgré ces fières démonstrations, nourrissaient, tout au fond, quelque inquiétude, ils n'eussent junais osé l'avouer. La victoire finale de la France ne devait |