578 REVUE DES DEUX MONDES. menaçant, Plutôt que de nous lancer dans une nouvelle aventure, complétons la loi que nous avons, améliorons-la sur les points où son fonctionnement s'est montré défectueux. Pour la rendre réellement efficiente, c'est-à-dire pour réaliser les conditions nécessaires à la rendre viable, il suffit de quelques sacrifices d'argent. Le pays, si on fait appel à lui, si on lui expose la vérité, souscrira à ces dépenses nouvelles, d'ailleurs peu importantes ; il les acceptera comme une assurance contre un risque à venir, contre le plus terrible des risques. L'année 1935 sera pour nous extrêmement importante, elle marquera une phase nouvelle dans notre histoire. Le traité de Versailles nous autorise sans aucune discussion à rester jusqu'à cette date sur la rive gauche du Rhin. Tant que nous serons sur le Rhin, l'Allemagne hésitera à nous attaquer. Jusqu'à ce moment-là également nos contingents annuels se maintiendront à un chiffre très voisin du chiffre actuel. Si aucun événement extérieur ne se produit, et ne vient modifier la situation respective des Puissances, il est donc à prévoir que nous pourrons conserver jusqu'en 1935 le service de dix-huit mois, à la condition de l'améliorer, de donner à l'armée les moyens matériels qui lui ont été promis. Mais c'est le minimum auquel l'armée puisse consentir. Flatter les passions de la masse, en lui faisant à chaque instant entrevoir une diminution de ses charges, sans se préoccuper de savoir si les mesures préconisées n'exposeront pas le pays aux plus terribles aventures est peut-être de bonne tactique électorale : c'est un crime contre la patrie. Le devoir est de faire comprendre à tous que l'affaiblissement de notre force militaire est le plus sùr moyen de déchaîner sur la France déjà si cruellement meurtrie les pires catastrophes. Lient-colonel REBouL. |