306 REVUE DES DEUX MONDES. tion d'une paix, capable d'assurer la prospérité britannique, mériterait peut-être, elle aussi, une renonciation temporaire à des principes, si excellents soient-ils. Dans quinze ans, chacun serait libre de les affirmer à nouveau, à moins que d'ici-là le monde en ait compris le peu d'efficacité, ou n'ait trouvé quelques solutions heureuses aux difficultés qu'ils soulèvent. A priori, le problème de Dantzig lui-même semble susceptible de recevoir une solution acceptable et conforme à l'esprit du traité de Versailles. Les Anglais se faisant l'écho des doléances allemandes en ont, ces temps derniers, beaucoup exagéré l'importance. Tout d'abord, les liaisons maritimes qui unissent le Reich à la Prusse Orientale subsistent intégralement. Il y a dans le monde beaucoup d'empires morcelés par la mer qui acceptent facilement cette disgrâce de la nature. La Sicile pour l'Italie, l'Irlande pour l'Angleterre en sont la preuve et la dispersion de l'archipel danois elle-même n'a pas empêché sur ses rives l'éclosion d'une nationalité bien vivante. Quant aux relations ferroviaires à travers le « couloir, » elles s'opèrent en réalité aussi bien pour les personnes que pour les marchandises en dehors de toutes formalités douanières ; les troupes elles-mêmes le traversent librement. Les wagons allemands, qui sont verrouillés à l'entrée de la zone polonaise, constituent un véritable prolongement mobile du territoire national. Les mesures ainsi prévues ne doivent pas être aussi mauvaises qu'on veut bien le dire, puisque le tribunal d'arbitrage, créé à Dantzig pour trancher les conflits qui pourraient naître de leur application, n'a été saisi jusqu'ici d'aucune affaire. Peut-être serait-il possible d'améliorer encore au bénéfice du Reich cette traversée déjà si facile par la création d'une voie ferrée souterraine, ou par tout autre moyen On trouverait certainement une solution à ce problème le jour où chaque partie serait décidée à l'étudier sans passion. Quinze ans de paix travailleraient plus efficacement, en tout cas, à la faire naître, que les disputes internationales auxquelles nous assistons impuissants. ** Si nous parvenions à nous entendre avec nos alliés sur le principe de la conclusion d'un pacte à durée limitée concer- |