478 REVUE DES DEUX MONDES. M. Chamberlain a prononcé, lé 5, aux Communes, diffère en effet da mémorandum que nous tenons d'analyser et reflète l'opinion du tiers parti qui l'a emporté au sein du Gouvernement britannique. Il se rapproche du langage tenu à la Chambre des lords par le comte d'Oxford et Asquith au nom de l'opposition et par le marquis Curzon au nom du'Gouvernement. On se demande avec inquiétude si, une fois de plus, les hommes qui comprennent la France et qui désirent réaliser avec elle l'étroite union qu'elle-même souhaite, n'auraient pas été impuissants à faire triompher leurs vues. La tâche de M. Chamberlain est difficile ; à lire les discours non seulement des membres de l'opposition libérale, mais même de certains conservateurs, on est effrayé de l'étroitesse d'esprit insulaire de quelques Anglais distingués. Quant à M. MacDonald, il est opposé à toute espèce de pacte et, s'il en existait un, il s'empresserait de le dénoncer le jour où lui et ses amis reviendraient au pouvoir. La vieille hargne britannique à l'égard de la Pologne reparaît avec toute sa virulence. Le Times du 4, après avoir affirmé que « le corridor de Dantzig et la division du bassin minier de la Haute-Silésie sont une source d'irritation et de malaise perpétuel en Allemagne et que l'existence de ces problèmes inquiétants irrite l'atmosphère générale de malaise de l'Europe orientale », cherche le moyen de résoudre pacifiquement la difficulté et ne trouve rien de mieux qu'un « compromis raisonnable en ce qui concerne les frontières ». Ii s'agit tout simplement d'un nouveau partage de la Pologne. On croit rêver quand on lit dans la presse conservatrice de Londres de pareils textes que les journaux nationalistes allemands oseraient à peine impriter. Si l'Angleterre renie le traité de Versailles que les États- Unis, après l'avoir façonné à leur guise, ont refusé de ratifier, sur quelles signatures peut-on compter ? Pertinax, dans l'Écho de Paris, a bien raison de parler « du mépris des traités et de l'annihilation de tout sentiment international ». Rien n'est plus précis, plus formel que l'article 10 du pacte de la Société des nations, qui figure dans tous les traités de paix ; les signataires s'engagent à « respecter et à maintenir contre toute agression extérieure-l'intégrité territoriale et l'indépendance -politique de tous les.membres de la Société ». Il est vrai que, dès 1921, lord Robert Cecil déclarait que ce texte a ne signifie pas grand chose ». Si les traités n'ont aucune'valeur, pourquoi veut-on que nous attachions du prix à un pacte quelconque ? La conclusion est qu'il faut rester armés, et armés jusqu'aux dents, et conclure des alliances défensives avec nos amis continentaux. Est-ce |