414 REVUE DES DEUX MONDES. auquel appartient M. Bérenger lui-même, proteste contre « les comg mentaires tendancieux de certains journaux » ; il fait remarquer que les conclusions du rapporteur général n'ont pas fait l'objet d'un vote ; le groupe élabore un ordre du jour, que vote M. Bérenger, pour exprimer le voeu que l'accord entre les deux Chambres soit maintenu. Est-il nécessaire pour cela que le Sénat fasse toutes les concessions ? La presse du-cartel voit déjà la haute assemblée « faire sa soumission ». Le pays espère, au contraire, que le Sénat, fidèle au rôle qu'il a joué souvent, offrira au Gouvernement un moyen de se ressaisir ou une occasion de s'en aller. Il n'y a pas de troisième issue. De lourdes fautes financières, dont M. Herriot et ses collègues ne sont pas seuls responsables mais auxquelles ils ont beaucoup ajouté, et surtout une politique générale de division et de haine qui incombe au seul cartel, ont conduit le Gouvernement et le [pays dans cette redoutable impasse. Le seul exposé de M. Bérenger a amené une détente immédiate des changes et un retour de la confiance : il a indiqué le chemin du salut. Un Gouvernement est mal fondé à se plaindre que l'opposition, en critiquant ses actes, ébranle la confiance du pays ; c'est à lui d'inspirer une confiance que le pays ne lui marchanderait pas, s'il sentait que ses affaires sont en bonnes mains. Il n'y a pas de peuple plus capable que les Français d'abnégation patriotique, mais il faut savoir la lui demander : on ne gouverne pas contre une moitié du pays quand on a besoin du pays tout entier. Dans toutes nos communes, le bloc des gauches prépare les élections municipales par un redoublement de violences,. de vexations, et par un resserrement de l'union avec les socialistes. Or c'est précisément cette union qui alarme le pays et fait disparaître » le numéraire. M. Lucien Romier, dans un article d'inspiration très élevée du Figaro (4 mars), engage « l'élite de la nation », pour prévenir des catastrophes financières, à faire taire ses justes préventions et à mettre « la patrie au-dessus de la défiance ». De quelles révélations ces paroles sont l'écho, il est facile de le deviner. Nous pensons, avec M. Romier, que, pour le pays, il n'est pas de sacrifices qui ne doivent être acceptés sans regrets. Mais ces sacrifices doivent être justifiés. M. Herriot est poussé, plus loin qu'il ne voudrait aller, par une majorité irresponsable, qui se croit infaillible et qui s'imagine, parce qu'elle est brutale, qu'elle imite « les grands ancêtres » ; mais s'il est le chef c'est à lui de le montrer, dût-il lui en coûter quelque chose ; s'il ne peut rien obtenir des siens au nom du salut de la |