408 REVUE DES DEUX MONDES. du calendrier. Les Emilia, les Suzanna, les Elisa, les Henrietta foisonnèrent. Les amants magnifiques du passé, comme Marc-Antoine ou telle impératrice russe donnaient à l'être aimé des royaumes ; à leur imitation, les astronomes se mirent à offrir à la femme aimée une petite planète découverte par eux et qu'ils baptisèrent du nom de la belle. A ce petit jeu, toutes les saintes du calendrier furent bientôt logées entre Mars et Jupiter. Alors la fantaisie se donna libre cours. C'est ainsi que parmi les astéroïdes catalogués depuis une trentaine d'années je relève les noms suivants : Nuwa, Siri, Chicago, Ninina, Tinette (sic), Urhixidur, Turandot, Merapi, Dudu (sic), Carnegia, etc. Devant cette débauche de singularités baptismales on s'est décidé à élever tardivement une digue et depuis quelque temps, suivant une convention adoptée dans les congrès astronomiques, les petites planètes nouvellement découvertes sont automatiquement désignées par l'année de la découverte suivie de lettres convenues. C'est ainsi que nous avons maintenant les astéroïdes 1922 MW, 1922 MZ, 1923 NI, 1923 NL, 1923 NP. C'est moins poétique parfois, mais aussi parfois moins ridicule. Car les chiffres et les lettres isolés échappent à la fois aux qualités et aux défauts des mots. CHARLES NORDMANN. |