462 REVUE DES DEUX MONDES. lante. Par milliers et automatiquement, les étoiles viendront ellesmêmes inscrire leurs positions respectives sur la plaque au gélatinobromure. En fait, et avec des instruments de dimensions modérées, on obtient, en posant moins d'une demi-heure, l'enregistrement photographique de toutes les étoiles jusqu'à la 130 et la 140 grandeur. Autrement dit, avec une lunette de dimensions données, on enregistre photographiquement des étoiles beaucoup moins brillantes que celles qui sont visibles à l'oeil nu avec un instrument semblable. La supériorité à cet égard de la lunette photographique sur la lunette visuelle provient de ceci : la rétine humaine n'accumule pas indéfiniment les impressions lumineuses. La durée des impressions rétiniennes est d'un dixième de seconde, c'est-à-dire que, si on regarde un objet pendant plus d'un dixième de seconde, on ne le verra jamais plus brillant. Au contraire, les impressions photographiques s'accumulent d'une manière presque indéfinie. Une étoile faible photographiée à la lunette aura sur la plaque une image d'autant plus intense que la durée de pose reste plus grande. Et alors, avec une durée de pose suffisante, on arrive à déceler photographiquement des astres qui, avec le méme instrument, demeurent imperceptibles à l'oeil. C'est ainsi que la photographie astronomique a réussi à découvrit des astres qu'aucun mil humain n'a jamais vu directement. Tel est le cas notamment de beaucoup d'étoiles faibles et de certains satellites de Jupiter et de Saturne. « Mais, va-t-on m'objecter, vous parlez de photographier telle région du ciel avec des durées de pose qui atteignent une demi-heure. Les étoiles ne vont-elles pas se déplacer, durant ce temps, devant la lunette, entraînées qu'elles sont par le mouvement diurne, et pouvezvous faire autre chose que des photographies instantanées de ces objets qui se déplacent devant votre objectif ? » La réponse est très simple et élémentaire. Les lunettes photographiques sont, comme tous les instruments équatoriaux, entraînés par un mouvement d'horlogerie réglé de telle sorte qu'elles demeurent indéfiniment fixées, en dépit du mouvement diurne, vers les étoiles dans la direction desquelles on les a braquées. J'ajouterai que, comme ce mouvement d'horlogerie peut n'être pas parfait, et comme, d'autre part, les ondulations de l'atmosphère et la réfraction variable pourraient altérer légèrement l'immobilité des images stellaires par rapport à la plaque, on prend par surcroît la précaution suivante : au moyen d'une petite lunette visuelle auxiliaire fixée sur le tube de la lunette photo- |