CHRONIQUE DE LA QUINZAINE La note de M. Winston Churchill à M. Clémentel, dont nous n'avons pu, il y a quinze jours, qu'indiquer le sens général, a été, depuis lors, commentée, expliquée, critiquée, par la presse d'Angleterre et de France; elle n'en est devenue ni plus claire, ni plus favorable à nos intérêts. Elle fait l'objet de l'examen de nos experts et conduira à de nouvelles négociations. Une fois de plus, le Gouvernement français s'est laissé entrainer à mettre le doigt dans l'engrenage; la main et le bras y passeront. Le fait de négocier acclimate dans les esprits l'idée que les dettes contractées pour le succès de la cause commune peuvent être traitées comme des dettes commerciales ; on en vient à ne plus apercevoir ce qu'a de monstrueusement inique le principe que les dettes en argent, parce qu'elles sont en argent, doivent être payées, tandis que les dettes de sang et d'honneur sont passées sous silence. L'appel à la raison et au coeur de nos alliés, lancé par M. Louis Marin, n'est cependant resté, ni en Angleterre, ni aux États-Unis, sans écho sympathique; il est probable qu'un plébiscite spontané se prononcerait pour l'abolition de toutes les dettes. Mais, en Angleterre, la politique financière est conduite par les bureaux du Trésor qui ne voient rien au delà du rétablissement de la parité de la livre et du dollar; le Trésor a envoyé M. Baldwin, alors chancelier de l'Échiquier, à Washington pour y négocier, en dehors de ses alliés et sans même les prévenir, la consolidation de la dette britannique envers les États-Unis; et c'est maintenant cette dette dont il demande à ses alliés de le couvrir. Ce qui est immoral c'est que, dans une telle négociation, il ne soit question que de chiffres et d'annuités en argent, tandis que a France saignée à blanc, ses villes, ses villages, ses usines, ses mines, ses champs, ses forêts détruites n'entrent pas en ligne de compte. Quand on oublie tout cela, la note de M. Churchill peut |