196 REVUE DES DEUX MONDES. conditions sont l'une et l'autre des réalités incontestables. « Il faut donc dépasser le cadre étroit de l'autonomie individuelle et n'envisager les individus qu'en fonction du tout dont ils font partie. On constate ainsi que l'association professionnelle réalise ce qu'il y a au monde de plus naturel et répond à la fois aux besoins de la société et à ceux des individus. » Sa raison d'être immédiate, c'est l'intérêt de ses membres; c'est aussi l'intérêt général de la profession ; c'est enfin le bien commun de la société elle-même. Celle-ci a pour premier objet de procurer à ses membres des avantages et des facilités dont ils ne jouiraient pas, s'ils étaient isolés. Mais si décidée qu'elle soit à définir leurs intérêts professionnels, elle ne peut faire abstraction de leurs intérêts humains, ni par conséquent du bien commun de la société. M. Eugène Duthoit, qui a établi sur la base solide des enseignements pontificaux, la doctrine de l'organisation professionnelle, montre comment cette association tend à se constituer en un tout organique au sein de la société, dans l'intérêt du bien privé et du bien commun. Mais ce tout ne saurait être indépendant à l'égard d'intérêts supérieurs à ceux de l'association, tels que les intérêts moraux de l'individu, de la famille, et de la société. Nous refuserons donc aux associations professionnelles le droit de jouir d'une autonomie absolue dans la société. Sous cette réserve, nous ne pouvons que souhaiter la continuation de leur développement. Elles ont à compléter une oeuvre sociale admirable et à poursuivre la tâche qu'elles ont entreprise en vue de rétablir, dans la production et les échanges, l'ordre que la guerre a profondément bouleversé. ANTOINE DE TABLÉ:. |