484 REVUE DES DEUX MONDES. mode de perception des impôts. Pour échapper à l'inquisition fiscale, tous les producteurs demandent que l'évaluation de leurs bénéfices industriels en fonction de leur chiffre d'affaires soit réalisée au moyen d'un forfait. Les Fédérations étudient aussi les répercussions du régime douanier sur la production française et sur l'exportation, que risquent toujours d'entraver les représailles des pays étrangers. Elles se préoccupent de développer dans nos colonies la production des textiles, afin d'échapper au lourd tribut que l'industrie française paye aux Anglais, aux Américains, aux Japonais. Chacune de ces trois grandes Fédérations a son caractère particulier ; toutes les trois ont un trait commun : la foi dans l'avenir de leur organisation corporative. La Fédération de la soie, la plus jeune, réalise l'union entre les branches diverses de cette industrie : agriculteurs qui cultivent le mûrier, graineurs qui récoltent et conservent la graine de ver à soie, éleveurs, filateurs, mouliniers, tisseurs, dessinateurs, monteurs de métiers, ouvriers d'art, négociants en cocons, en fils de soie, en soieries, etc. Bien plus, aux syndicats et associations qui représentent les producteurs ardéchois, lyonnais, stéphanois, se sont jointes les Chambres syndicales groupant les transformateurs, en fait, les Chambres syndicales parisiennes de la nouveauté, de la couture, de la confection, des dentelles et broderies, des cravates, des fabricants de parapluie, des tissus d'ameublement, etc. La Fédération réunit cinquante-cinq Chambres syndicales ou associations. Elles ne seront pas toujours d'accord, puisque leurs intérêts s'opposent sur certains points, mais leur union leur permet justement de chercher et de trouver des terrains d'entente. Comme, malgré tout, producteurs et consommateurs ont un intérêt commun à la prospérité de l'industrie qui les fait vivre, ils tireront dans certains cas une grande force de leur union. Quoi qu'il en soit, la variété de ces groupements présente un avantage en ce sens que chacun poursuit sa tâche dans son domaine propre ; cette diversité d'action et de moyens est un facteur d'efficacité. Leur coordination est d'autant plus nécessaire que les problèmes à résoudre sont plus ardus. Ce qui la rend parfois difficile, c'est la persistance du vieil esprit individualiste, si tenace encore chez l'industriel et le commerçant moyens. Cet esprit s'atténue peu à peu, grâce à l'action per- |