RÉA'tlE DES DEL ( MONDES. il ne nie fallut pas longtemps pour remarquer que l'irrtirnite dans les régions politiques était bien moins grande, et dans la société l'accueil plus froid, sous la politesse extérieure, que dans notre séjour précédent. Ce qui me frappa aussi, c'était l'extrême difficulté de faire accorder la politique qu'il devait. défendre à Londres avec celle que j'avais dü, pour mon humble part, représenter et soutenir à Rome. Nous étions, père et fils, véritablement placés aux deux pôles négatif et positif du mouvement européen. Lord Palmerston, en effet, un peu par nature et par cet orgueil britannique, qui croit qu'étant soi-même à l'abri de toutes les commotions révolutionnaires on peut sans danger les provoquer au dehors, et plus encore pour faire pièce au ministère conservateur de France, et se venger de M. Guizot, --- s'était mis à la tête de tout le mouvement, non seulement libéral, mais radical et même insurrectionnel d'Europe. Il soutenait le parti radical en Suisse et les extrêmes progressistes en Espagne; en Italie, il travaillait à précipiter l'impulsion déjà donnée par Pie Ix, et que le pauvre Pape ne gouvernait déjà plus. Pour lui tenir tête, il fallait bien s'appuyer sur quelqu'un. C'était donc avec les puissances contre-révolutionnaires, l'ancienne Sainte Alliance, comme on l'appelait, qu'on était obligé de s'entendre pour empêcher ce diable enchaîné de faire rage sur tous les théâtres. Je trouvais avec surprise mon père, autrefois si mal vu de tous les tenants de l'ancien régime, et lui-rnè:i e les goûtant si peu, mon père autrefois le patron et le fidèle défenseur de l'alliance anglaise, en intimité avec les ambassadeurs de Russie et d'Autriche, et manoeuvrant avec eux colt, e lP Foreign Office. C'était nécessaire, et après tout corn tne le G auvernement français n'avait renié aucun de ses principes et f. ,tait fidèle à la liberté constitutionnelle, très largei_aent entendue et pratiquée, ce n'était pas lui qui avait changé sa positc,n. C'étaient les Puissances du Nord qui avaient fait le pas. Nous n'allions pas à la montagne, mais c'était la montagne qui venait à nous. Mais combien la situation à Rome était différente I Là, il fallait sans doute guider et contenir Pie IX dans la voie libérale où il s'avançait d'un pas si inexpérimenté, mais il fallait aussi le défendre contre les ressentiments du parti rétrograde, nulle- |