REVUE DÉs DEUX MONDES. ment pour empêcher le célèbre et malfaisant lord Palmerston de tirer parti de ce ressentiment en brouillant toutes les cartes rn Europe, afin de se venger de la France. J'ai dit où en était l'importante question des mariages espagnols pendant le séjour que j'avais fait à Madrid. J'ai rappelé la convention, sinon tout à fait expresse, au moins officieuse et verbale, échangée entre les Gouvernements anglais et français, et consistant, de la part de la France, à ne pas rechercher le mariage de la Reine avec un des fils du roi Louis- Philippe, et, de la part de l'Angleterre, à laisser choisir l'époux de la Reine parmi les princes de la maison de Bourbon, pour que la couronne d'Espagne ne sortit pas de la descendance de Louis X1V. J'ai expliqué aussi, ce que je voyais déjà clairement, bien que mon chef M. Bresson n'en voulût pas convenir, que les Espagnols en général et la Reine mère, encore régente de fait sinon de droit, n'entraient nullement dans cette combinaison. Ils ne se souciaient à aucun degré de donner à la jeune Reine pour époux un des Bourbons d'Espagne ou de Naples, véritables nullités morales et politiques, qui n'apportaient avec eux aucune alliance utile. Ils étaient très désireux au contraire de la marier à un prince français, mais, s'ils ne pouvaient l'obtenir, ils étaient prêts à aller chercher en Allemagne un prince de maison royale qui leur donnât en dot l'appui d'une grande Puissance et en particulier un fils de la maison de Cobourg, cousin du mari de la reine d'Angleterre. En un mot, ils nous disaient : « Ou votre prince avec votre alliance ; ou nous en irons chercher un autre qui nous donnera l'alliance de l'Angleterre. » J'avais vu poser très nettement ce dilemme : aussi n'étais-je nullement étonné que, tant que l'Angleterre représentée par le loyal lord Aberdeen, ami de la France et de la paix, nous tenait parole, et que nous usions de la même loyauté envers elle, la question ne fit pas un pas, et que le prétendu restât toujours à trouver. Je fus moins surpris encore du pas rapide que la même question fit tout de suite, dès que, le ministère anglais étant dissous, lord Palmerston eut remplacé lord Aberdeen. De l'humeur provocante, belliqueuse et surtout anti-française dont on le connaissait, il était très douteux qu'il se renfermât dans |