802 REVUE DES DEUX MONDES. ciations, donné quelques conseils aux hôtes du curé, et voici qu'une autre école pouvait être ouverte, dans une autre paroisse de Reims : elle le serait donc. M. de la Salle se trouva pris dans sa propre charité. N'était-il pas l'homme indispensable, le chef nécessaire de la seconde fondation, puisqu'il s'était déjà occupé de la première ? Comment refuser ? Il dut se remettre à l'oeuvre, il dut aussi aider de ses deniers le curé de Saint-Maurice, qui trouvait lourds, on le comprend, la nourriture et l'entretien de cinq commensaux, en plus de ses vicaires et de son domestique. *** Cette fois, M. de la Salle comptait bien s'en tenir là. Il avait fondé deux « petites écoles », celle de Saint-Maurice et celle de Saint-Jacques : avant d'aller plus loin, on attendrait un peu. Mais il devint évident que M. Dorigny, curé de Saint-Maurice de Reims, n'avait pas de plus grand désir que de reprendre la libre possession de son presbytère encombré. Non loin des remparts, sur la paroisse de Saint-Symphorien, une grande maison était à louer. Comme elle convenait bien, pour loger les maîtres ! La dépense était honnête. Le chanoine généreux n'habitait pas loin de là. Il loua la maison, y installa les premiers instituteurs des pauvres, et, jugeant avec raison qu'il convenait qu'ils eussent une véritable règle, eut l'obligeance de leur indiquer les heures de lever, de repas, de coucher, de classe, d'étude et de prière, puis, comme il convenait aussi, vint visiter souvent ses obligés. Petit à petit et sans l'avoir cherché, il était devenu une sorte de supérieur officieux d'une congrégation non encore formée, et qui se développait. Car Adrien Nyel, son second, ne se sentit pas plus tôt au large, qu'il se mit en campagne, pour recruter de nouveaux maîtres. Il y réussit, ce qui conduisit M. de la Salle à entreprendre une troisième fondation : les gamins de Saint-Symphorien eurent aussi leur école. En une année, le fils de l'ancien conseiller au présidial était entré bien avant dans l'entreprise nouvelle, et compromis, selon le monde, avec de bien petites gens. On ne manquait, au xVIIe siècle, ni de charité ni d'étiquette, mais faire l'une aux dépens de l'autre choquait ceux des gens de qualité qui n'étaient pas des saints. M. de la Salle reçut des avertissements |