788 REVUE DES DEUX MONDES. S'il est un reproche à faire à ces architectes, ce n'est assurément ni celui d'insouciance, ni celui d'incompétence. Tous ont obtenu les situations qu'ils occupent à la suite d'examens sévères et comme développement d'une carrière d'études, d'expériences et de travaux achevés. Une fois arrivés à ce point culminant où leur est confiée la garde des palais et monuments nationaux, tous se consacrent avec ferveur, avec passion à leur tâche. Toujours en appétit des ressources nouvelles que réclame leur clientèle de marbre et de pierre, leurs projets d'emploi sont prêts longtemps d'avance. Ils voudraient parer au mal partout et tout de suite. La libéralité de M. Rockefeller survint comme une manne. Ces hommes de l'art qui l'avaient tant désirée et qui l'avaient encouragée par la confiance qu'ils inspiraient et par les desiderata qu'ils avaient formulés, n'eurent qu'une idée, eux qui attendaient depuis si longtemps : agir sans une seconde de retard. De là, sans doute, certaines hâtes qui provoquèrent les critiques que l'on sait. Versailles fut, d'abord, sur le tapis et l'opinion fut saisie soudain de la question de l'abattage des arbres autour du bosquet de la fameuse colonnade de Mansart ; et, par suite, son attention fut attirée préventivement, car, ici, rien n'était entrepris, ni même entamé, sur d'autres points, les travaux des toitures, ceux de l'Orangerie, ceux de Trianon, le déplacement des statues de la cour d'honneur. La polémique, une fois la porte ouverte, se lança sur ces diverses pistes : tant est vive la sensibilité française quand il s'agit des monuments de notre passé ! Nous y reviendrons ; mais, d'abord, il faut suivre l'ensemble des mesures qui furent décidées selon les lignes générales tracées par le donateur. ** Il s'agissait donc de disposer de la somme toujours intacte allouée par M. Rockefeller pour chacun des trois ordres de travaux prévus : Reims, Fontainebleau, Versailles. Avant tout, Reims. La pensée de M. Rockefeller ne laissait aucun doute ; le document déjà cité portait en premier lieu : « Il s'agit de remplacer le toit et la flèche de la cathédrale en refaisant ce qui existait auparavant. » Il était prescrit, en |