158 REVUE DES DEUX MONDES LES NÉGOCIATIONS AVEC LE SAINT-SIÈGE En 1861, Juarez avait fait voter par le Congrès la nationalisation des biens de l'Église. Une grande partie de ces biens avait dté aliénée, et il était difficile à Maximilien de revenir sur les ventes déjà opérées. S'arrêtant à un moyen terme, il proposa au Saint-Siège de valider les ventes faites régulièrement, mais d'en affecter le produit aux frais du culte. Le nonce pontifical, Mgr Meglia, se montra intraitable. ; Après des discussions orageuses, il déclara qu'il y avait entre ses iÏ structions et les propositions du gouvernement impérial un fossé trop profond pour être comblé. L'impératrice Charlotte fut mêlée de très près à ces négociations. Elle fit elle-même une suprême et vaine démarche auprès du Nonce. Dès le début, elle avait indiqué la gravité de la question dans cette lettre : « Ma bien-aimée grand maman, Mexico, le H décembre. « L'arrivée du Nonce est un fait important pour le règlement des questions ecclésiastiques. J'espère que, grâce à nous, ce pays deviendra sainement catholique en même temps que libéral, car il n'était ni l'un ni l'autre. Les scandales du clergé étaient tels qu'il faut bien qu'elle soit divine, notre sainte religion, pour n'avoir pas encore succombé, bien qu'elle n'aurait pas tardé à disparaître sans les réformes qui vont être entreprises. « L'ascendant de Max augmente tous les jours, avec l'enthousiasme et l'admiration qu'il inspire. On voit pour ainsi dire à vue d'oeil cette nation si corrompue et si abaissée se relever à la conscience de sa dignité et de son avenir, et cela rien que parce que Max l'attire à son niveau depuis le jour où il s'est fait franchement Mexicain. K CHARLOTTE. » Malgré son ton optimiste, l'Impératrice reconnaît, dans la lettre suivante, l'échec des négociations avec l'envoyé du Saint- Siège. |