952 REVUE DES DEUX MONDES. langage volontairement modéré, qui fait contraste avec l'inoubliable cri de haine qu'il proférait dernièrement, M. Blum, au nom de son parti, jette par-dessus bord les vieilles formules du radicalisme anticlérical, « le Pape souverain étranger, le Pape évêque de Rome », et, du même coup, beaucoup d'arguments dont a usé le Président du conseil : « En ce qui nous concerne, en tant que parti, nous n'aurions pas attaché à cette question de l'ambassade une importance démesurée. Nous n'estimons même pas que le régime de la séparation imposât la suppression de l'ambassade et l'on pourrait même soutenir le paradoxe que la séparation, à certains égards, peut rendre l'ambassade plus utile du fait même qu'un certain nombre de questions qui étaient automatiquement réglées par le Concordat ou par la législation interne qui y est annexée, ne peuvent plus être résolues que par voie transactionnelle. » L'aveu est intéressant à enregistrer. Puis M. Blum explique l'attitude de son groupe : « Tout en étant un parti laïque, nous ne sommes à aucun degré et rien ne nous entraînera à être un parti antireligieux. » Cette fois, c'est d'avec le communisme qu'il s'agit de se distinguer ; M. Blum rejette ce qu'il appelle « une fausse interprétation, une fausse extension du matérialisme historique tel que Marx l'a défini, et qui tendrait à faire découler logiquement de ce matérialisme historique le matérialisme philosophique, et à faire de l'irréligion, de l'athéisme, une forme nécessaire du socialisme. » M. Blum estime que l'on peut être « à la fois socialiste et catholique » ; mais il reprend contre le catholicisme le vieux grief, tant de fois démenti par les faits au moins en ce qui concerne l'Église, d'être attaché à toutes les formes politiques ou sociales périmées et rétrogrades. M. Blum oppose l'Église socialiste à l'Église catholique ; il s'agit, pour lui, d'établir que, des deux grands pouvoirs idéalistes internationaux, seul le socialisme est en mesure de jouer le rôle d'arbitrage et d'organisation indispensable pour instaurer, dans les États-Unis d'Europe, la paix et la prospérité, « l'entente et la coopération internationales ». On voit la thèse ; elle porte loin ; elle renferme tout un programme de politique intérieure et extérieure que le parti socialiste travaille à réaliser. M. Blum, dans la seconde partie de son exposé, répond au discours de M. Louis Marin et à celui qui valut à M. Herriot, le' ? 8 janvier, les applaudissements de toute la Chambre. Sans le dire, il oppose sa méthode à celle des radicaux, trop nationaliste à son gré. M. Blum a raison ; sa politique, dépouillée d'une idéologie dont l'expérience |