REVUE DRAMATIQUE RENAISSANCE. — La Vierge au grand coeur, drame en trois parties et huit tableaux, en vers, de M. François Porche. La vie de Jeanne d'Arc est, comme on sait, le plus beau sujet de pièce qu'il y ait au monde, et le plus décevant. La réalité toute nue y est si merveilleuse que tous les ornements pâlissent auprès d'elle. Mais tant qu'il y aura des poètes, l'ambition leur viendra de tenter la noble aventure. M. François Porché s'y est essayé à son tour, et il y a mis une conviction, une bonne foi, une simplicité d'âme, une ferveur qui font de sa Vierge au grand coeur une oeuvre de Primitif, détachée, dirait-on, de quelque vieux vitrail. N'y cherchez à peu près rien de ce qu'on est habitué à trouver dans une pièce sur Jeanne d'Arc : ni cortège du sacre, ni tribunal de Rouen, ni bûcher. M. Porché s'est volontairement privé de tout ce spectacle. Il a écarté tout ce qui n'est qu'extérieur. Vous n'y entendrez pas davantage les mots historiques, les répliques fameuses empruntées au procès de la sainte. Cette pièce, toute psychologique, — disons mieux, ce poème dramatique, — est l'étude mystique d'une mission. Tandis que de fervents admirateurs de Jeanne se sont efforcés, pour n'effaroucher personne, de réduire au minimum la part du surnaturel dans le rôle de notre héroïne nationale, M. François Porché n'a pas eu de ces timidités. Sa Jeanne d'Arc est constamment en communication avec les personnages célestes ; elle ne fait rien que par leurs ordres ; ils interviennent sans cesse dans l'action ; sans cesse, le ciel descend sur la terre. Cette partie mystique s'accompagne de scènes familières qui n'étonneront que ceux à qui notre art du moyen âge est étranger. De là, dans l'ensemble, non seulement une saveur, mais une bonhomie, une cordialité, une tendresse, qui donnent son originalité et son charme à cette oeuvre candide comme un lys. |