008 REVUE DES DEUX MONDES. la splendeur de son panorama et ses richesses historiques, ait exercé sur lui le même charme, le même pouvoir d'incantation. *** Comme nous l'avons dit, il y entra avec quelque mauvaise humeur. A la place de cette vie isolée, qui, en campagne, a tant de charmes pour un commandant de compagnie, il retrouvait, et après quatre mois de permission, tous les ennuis de la caserne, et la monotonie compliquée du service des places. Le 2'7 juin et le 27 juillet, il y eut grand branle-bas dans toute la garnison pour le passage de la Duchesse d'Angoulême, d'abord venant de Bayonne, ensuite revenant de Cauterets. Ces spectacles officiels n'avaient même pas, pour l'ancien lieutenant de la Garde royale, l'attrait de la nouveauté. Que la princesse arrivât par la route d'Orthez ou bien par la route de Bizanos, c'était toujours le même cérémonial : arc de triomphe, rassemblement de la Garde nationale à pied et à cheval, musique, allocutions, et le 55e de ligne formant la haie depuis l'entrée de la ville jusqu'à la Préfecture ou jusqu'à l'hôtel de la marquise de Goptaut-Biron, gouvernante des Enfants de France. La population de Pau reçut très correctement la double visite de la fille de Louis XVI ; mais son état d'esprit demeurait le même. Quatre jours à peine après l'arrivée du 55e d'infanterie, les difficultés commencèrent. C'était un dimanche. Un certain nombre d'officiers et de soldats étaient allés assister à une cérémonie à l'église Saint-Jacques : ils furent violemment sifflés à la sortie, et de nombreuses altercations se produisirent entre civils et militaires. Beauvais-Poque ayant pris une part prépondérante au scandale, fut appréhendé et puni d'un jour de prison, acte d'autorité qui ne fit qu'exaspérer ses partisans.lls jurèrent de se venger. Le dimanche 1er août, des rixes éclatèrent dans un bal champêtre, à Jurançon, où les Béarnais émirent la prétention d'empêcher les soldats du 55e de prendre part aux contredanses. Ce furent d'abord des horions isolés, puis une bataille en règle, qui obligea les militaires à battre prudemment en retraite. Mais cette attitude ne calma pas les assaillants. Les bagarres recommencèrent sur le pont du Gave, et s'étendirent jusqu'à l'entrée de Pau, au nord du Château et sur la place Grammont. Les pierres volaient de tous côtés contre le 55e de ligne, et la situation devint réellement inte- |