894 REVUE DES DEUX MONDES. valier de la Légion d'honneur pendant son passage au ministère de la Guerre et, en réponse aux remerciements télégraphiés par le Cheik, il lui envoya le télégramme suivant : « A Sid-Ali-Tedjani, Chef Ordre Tedjania, Aïn-Mahdi. « Vous remercie de vos voeux qui confirment vos excellents sentiments et votre confiance dans la victoire de la France et de ses alliés. Votre télégramme m'a vivement touché, parce qu'il m'est adressé par le chef d'une de nos confréries musulmanes dont j'ai le plus apprécié le loyalisme et le dévouement pendant mon long séjour au milieu de vos coreligionnaires. « Général LYAUTEY. u De plus, en 1917, Si-Mahmoud retourne au Maroc s'employer pour la France et semble vouloir élire définitivement domicile à Marrakech. Cette même année 1917, lors des révoltes suscitées dans nos tribus touareg par les Senoussis, Sid-Ali écrivit au grand maître des Senoussis, Sid-Mohamed-el-Abed, et aux chefs des tribus dissidentes affiliées à la confrérie, pour leur demander la libération de six sous-officiers et soldats français faits prisonniers au cours des combats sur la frontière tripolitaine (1). Enfin, ses télégrammes officiels à l'annonce du traité de paix affirment son loyalisme ainsi que le discours composé par lui et prononcé en sa présence par son grand mokaddem à la mosquée de Laghouat, le jour de l'armistice, devant les autorités et toute la population indigène. Le Cheik Sid-Ali fut donc un instrument très docile entre les mains de l'administration française. Mais si l'on apprécie le gouvernement de Sid-Ali au point (I) Cette intervention n'eut d'ailleurs aucun résultat. Les malheureux Français, — et un lieutenant italien, furent emmenés dans le désert de Libye jusqu'à l'oasis de Koufra, zaouia principale du grand-maître des Senoussis. Ils périrent de misère physiologique en cours de route, pendant une terrible famine, à l'exception de l'héroïque maréchal des logis Lapierre fait prisonnier, après avoir soutenu, en mars 1916, le siège de Djanet (poste-frontière du Sahara) ; ce siège est un (les plus émouvants épisodes de notre histoire du Sahara algérien. L'intrépide Lapierre resta plus de trois ans captif des Senoussis. Il fut libéré en mai 1919, grâce aux efforts de notre consulat, et ramené à Ben-Gahsi sur la côte tripolitaine. (Voir les rapports détaillés du maréchal des logis Lapierre publiés dans le Bulletin du Comité de l'Afrique française, avril 1920.) |