818 REVUE DES DEUX MONDES. lité monétaire et préparé le retour à une vie normale. De même qu'au mois de novembre 1918 nous n'avons pas su profiter de la situation dans laquelle nous nous trouvions ; de même, au mois de septembre 1923, nous n'avons pas su tirer parti de la nouvelle capitulation à laquelle l'occupation de la Ruhr avait réduit l'Allemagne. Les conversations que j'ai eues à ce moment avec M. Stresemann, alors chancelier, et aussi avec un certain nombre d'industriels, m'ont prouvé que l'Allemagne était alors disposée à s'incliner, à accepter le modus vivendi qui lui serait imposé ; nous avons laissé échapper une occasion qui ne se présentera plus... La première année de la stabilisation monétaire a eu des conséquences que nous n'avions pas prévues. La vie monétaire étant rétablie, nous sommes en présence d'un effort combiné des grands industriels et des grands propriétaires fonciers, dont les classes moyennes et les classes ouvrières osent à peine contrecarrer les projets. La grande industrie est d'autant plus forte qu'elle a déjà été partiellement dédommagée des charges que lui avaient imposées les contrats passés avec la MICUM. La tâche des démocrates, les moins mal disposés à notre endroit, est d'autant plus ardue qu'ils se heurtent à un sen timent de confiance croissante envers ceux qu'on regarde comme les plus capables de ramener l'Allemagne à sa prospérité passée. Nous devons nous attendre à un « sabotage » du plan Dawes. L'Allemagne va faire semblant de s'incliner en essayant, les derniers discours de M. Stresemannsoir !. caractéristiques, — de prouver qu'en réalité elle ne peut pas exécuter. Les nationalistes seront volontiers écoutés quand ils diront que la résistance est nécessaire pour arriver à l'oeuvre de reconstruction désirée. Nous ne pouvons pas plus aujourd'hui qu'hier compter sur la bonne foi de nos débiteurs. Ma conviction formelle est que l'Allemagne acceptera sans résistance le changement de régime qui, à plus ou moins brève échéance, sera sans doute inévitable. M'objectera-t-on qu'il y a en Allemagne des pacifistes qui font quelque bruit ? Je ne crains pas de dire que leur volonté de paix est fragile. « La démocratie, écrivait le Vorwârts au moment des élections, c'est la paix I » Or, l'Allemagne tourne le dos à la démocratie. La jeunesse est de plus en plus nette, ment orientée vers la pensée d'une revanche ; le baron de |