872 REVUE DES DEUX MONDES. revanche, se combine aujourd'hui avec la satisfaction que cause le redressement financier. Le docteur Luther, aujourd'hui chancelier, hier ministre des Finances, a réalisé l'équilibre du budget. La vie sans doute est chère et les impôts sont bien lourds, mais les recettes dépassent maintenant les dépenses de plusieurs centaines de millions de marks-or. On demande au Gouvernement de reprendre l'idée d'une valorisation (Aeifwertung) des anciennes dettes, et on espère obtenir quelques versements supplémentaires pour les dettes qui ont été frauduleusement remboursées avec du papier sans valeur. Le gouverneur de la Banque d'Empire, malgré les sollicitations dont il est l'objet, n'est pas favorable à cette mesure. Les Allemands ont une autre idée que nous de la justice. Ils ne s'indignent pas, comme nous le ferions à leur place, de voir que tant de gens ont été victimes d'une iniquité, et trouvent suffisant que les plus malheureux obtiennent quelques subsides. « Ne peut-on admettre que dans la bataille économique, il y ait également des victimes ? » me disait froidement M. Schacht. L'équilibre du budget a permis au surplus des diminutions d'impôt appréciables. Ces diminutions sont en rapport avec le placement de l'emprunt des réparations. L'impôt sur le chiffre d'a`faires a été ramené de 2 à 1 et demi pour 100, la taxe de luxe de 115 à 10. Et on a pu majorer les versements réclamés par les Lander (ce mot désigne les « régions » entre lesquelles l'Allemagne, depuis la disparition des anciens États, a été divisée). La Reichsbank a décidé d'augmenter son encaisse or par des achats de lingots à l'étranger ; ces achats, qui ont commencé au mois de juin dernier, ne se termineront, a dit encore M. Schacht, que lorsque l'encaisse aura atteint la proportion qu'elle doit avoir par rapport à la circulation fiduciaire. ** Le relèvement financier de l'Allemagne a singulièrement facilité la reprise de l'activité industrielle en mème temps qu'il a diminué le rôle des spéculateurs. Les industriels se plaignent sans doute de manquer de disponibilités, quoiqu'on assiste en ce moment au rapatriement d'une partie des capitaux allemands qui s'étaient évadés pendant l'inflation. Ils sont un peu gênés, on ne peut le nier, pour payer les intérêts que néces- |