2 Luxembourg LUNDI 8 MARS 2021/LESSENTIEL.LU Que vous évoque la journée du 8 mars ? Carole, 28 ans Christophe, 40 ans Jean-Noël, 37 ans « Cela a peu de sens de dédier une journée, alors que les droits de la femme devraient être célébrés toute l'année. Il y a encore du chemin à faire ». « On est malheureusement obligé de faire cela pour rappeler aux gens ce qui devrait être normal : que la femme est égale à l'homme, et même l'avenir de l'homme ». « Le droit des femmes, c'est quelque chose de sérieux. C'est super important d'y consacrer une journée, cela met un point d'honneur sur le fait qu'on est égales à l'homme ». « C'est magnifique. De nos jours, c'est important de reconnaître la femme en tant que telle, surtout quand on sait qu'il y a encore des discriminations ». « Combative, apeurée, épuisée... » Lolita, 36 ans, est infirmière. Michael, 34 ans Özlem, 48 ans Landrine, 24 ans Stéphane, 49 ans Cristal, 25 ans « C'est une bonne chose. C'est encore trop ancré dans les mœurs, que la femme est soi-disant inférieure aux hommes. C'est bien d'être sur le même piédestal ». « Je salue complètement l'initiative. Les femmes sont encore écrasées à travers le monde. Il y a beaucoup de choses à changer, comme le regard des hommes ». « Je trouve ça bien, après pourquoi faire ça ? On est tous pareils, hommes et femmes, je ne vois pas pourquoi on devrait faire une journée spéciale pour la femme ». « Avoir une journée comme cela, c'est intéressant. Après, on n'a pas une journée de l'homme, donc je ne vois pas pourquoi on aurait une journée de la femme ». Infirmière en unité Covid au CHL, Lolita est passée en un an par tous les états : « combative, apeurée, épuisée, motivée, perplexe, en colère, fière ». Souvent, elle a eu peur de ramener le virus à la maison, de toucher ses proches. Son mari a pris le relais pour l'école à la maison. « Être une femme est une chance : j'ai donné naissance à deux merveilleux garçons que je m'efforce d'éduquer en équipe avec un super papa ». Dans notre travail, il n'y a pas de différence entre les hommes, en minorité, et les femmes. « Apprendre à se connaître est le plus important ». « Juste les mêmes d INTERVIEW À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la Grande-Duchesse Maria Teresa a accordé une entrevue à « L'essentiel ». « L'essentiel » : Aujourd'hui, la philosophie inclusive de votre Fondation prend tout son sens… Son Altesse Royale la Grande-Duchesse Maria Teresa de Luxembourg : Absolument, et c'est le cas tous les jours. En cette période, particulièrement, les femmes sont les plus vulnérables. Elles souffrent énormément, tant sur le plan matériel que psychologique. Le forum Stand Speak Rise Up a été un succès. Quels résultats ont été obtenus ? Les « survivantes » invitées ont fait ressortir la problématique du statut des orphelins nés du viol de guerre, et la double peine qu'elles subissaient. Une problématique qui n'avait pas été très abordée sur le plan international. Mais la plus grande réussite, c'est que beaucoup d'entre elles sont devenues les porte-flambeaux de la cause en prenant la tête « La lutte contre les violences faites aux femmes est le plus grand combat qu'il faut mener » d'associations dans leurs pays. La création de l'association SSRU, suite à mon forum, nous a permis la mise en place des projets de soutien aux survivantes, pour répondre à la question de la famine durant la pandémie. Des micro-projets économiques de culture, d'élevage… afin qu'elles puissent générer des revenus dans les zones démunies. La pandémie a-t-elle entraîné de nouveaux besoins ? Oui, nous avons réalisé que les familles monoparentales (souvent les femmes qui élèvent seules leur(s) enfant(s)) vivent sous le seuil de pauvreté et deviennent fragiles psychologiquement. Cela peut être la même chose pour des étudiantes, ce qui me touche beaucoup. D'où les idées de fournir des bourses aux jeunes mères qui poursuivent leurs études et de développer un projet de coaching/formation pour les femmes sans diplôme. Je n'oublie pas non plus l'isolement de certaines personnes âgées, à qui nous avons donné des iPad pour qu'elles puissent garder le contact avec leur famille. J'ai pu discuter avec certaines d'entre elles. « Vous avez vraiment besoin de nous » Ourida est femme de ménage. « Un travail, c'est un travail, je ne compare pas les métiers ». Être femme de ménage, Ourida l'a choisi et en est « fière ». Un métier de service, en première ligne depuis un an. « Je n'ai jamais eu peur, on s'est adaptées, on a respecté les protocoles », explique la maman de trois enfants. « Au départ, je rentrais à la maison, je disais : "Ne me touchez pas" ». Elle aime son métier : « Vous avez besoin de nous ». Pour deux clientes âgées, Ourida fait les courses, s'assoit pour papoter. Femme de charge plutôt que de ménage. Ce qu'il faudrait améliorer ? « Le salaire », admet-elle. Quel est le plus grand combat à mener pour les droits des femmes ? La lutte contre les violences. Le forum a montré l'extrême de l'horreur, mais la violence est aussi chez nous en Europe, partout. Les violences domestiques ont explosé dans la période du Covid. Vient ensuite la question de la précarité. Quelle est votre opinion sur les nouveaux mouvements féministes ? Je ne peux qu'être favorable « Les femmes apporten Ana est agent de sécurité depuis trois ans, auprès d'une société de gardiennage. « Je ne pense pas que la sécurité soit un métier d'hommes. Nous sommes avant tout des agents », affirme-t-elle, reconnaissant qu'il n'est pas toujours simple d'être prise au sérieux. « Nous sommes souvent perçues comme étant fragiles. Les gens veulent nous tester, et en tant que femme, on doit s'imposer pour se faire respecter ». Ana souligne que, dans ce Ana, agent de sécurité. |