TERRITOIRES SAGE, qui fonctionnent bien pour la plupart, nous parvenons à structurer, à concilier à une échelle locale, la satisfaction et le développement des différents usages (eau potable, industrie, agriculture.) ainsi que la protection des milieux aquatiques, en tenant compte des spécificités d’un territoire. En revanche, dans certains territoires où les SAGE ne sont pas opérationnels, la GEMAPI peut devenir une catastrophe annoncée. Si elle s’appliquait à un bassin versant, elle ne poserait pas de problème ! Mais en s’appliquant à une fraction de bassin versant, pour une fraction d’alinéa du code de l’environnement, il devient très difficile de gérer de façon harmonieuse et coordonnée des usages contradictoires. Intensification des efforts pour le littoral Particulièrement exposé aux risques de contamination bactériologique des eaux littorales, le Bassin Artois- Picardie fait l’objet d’une politique volontariste de l’agence de l’eau Artois-Picardie en faveur de la reconquête des eaux de baignade depuis les années 90. A l’époque, le littoral du bassin Artois Picardie représentait plus de la moitié des sites de baignade les plus dégradés de France. Les principales causes de cette dégradation généralisée des eaux de baignade étaient la présence de nombreux rejets directs du fait de l’absence ou du mauvais fonctionnement des stations d’épuration et du faible développement des réseaux de collecte des eaux usées. Les zones de baignade les plus affectées par des contaminations chroniques se situaient à proximité des principales agglomérations littorales que sont Calais Dunkerque, Boulogne sur mer, mais également les plages à proximité des estuaires et ruisseaux côtiers. Depuis le début du 10 ème programme, un plan d’action de 206 M € destiné principalement à des travaux d’assainissement, (création et mise aux normes des stations d’épuration, construction de bassins de stockage restitution des eaux usées de temps de pluis, réaménagement des réseaux d’assainissement, développement des techniques alternatives de gestion des eaux pluviales,étendue de la collecte des réseaux…) a été engagé par les collectivités et soutenu par l’agence à hauteur de 47M € . « Aujourd’hui, on a une situation d’assainissement qui est globalement maîtrisée par temps sec sur la façade littorale, explique Ludovic Lemaire, chef de la mission Littoral. Par-contre, les enjeux actuels et futurs portent sur la gestion de l’assainissement par temps de pluie. A l’instar de tous les grands centres urbains en France, on a des réseaux de type unitaire, qui dès qu’il pleut, 32 L’Eau magazine juin 2018 n°31 débordent et provoquent des déversements qui impactent les eaux de baignade.l.Le maintien ou l’atteinte de la bonne qualité des eaux de baignade nécessite une politique « zéro défaut » du système d’assainissement ». Construction d’un énorme bassin de pollution à Boulogne sur mer En 2003, une étude diagnostique du fonctionnement du système d’assainissement, « Séliane », a révèlé la nécessité de maitriser les rejets par temps de pluie au niveau de l’agglomération Boulonnaise et proposé la construction d’un bassin de stockage-restitution des eaux pluviales polluées. En jeu, le respect de la réglementation relative à l’assainissement urbain mais aussi l’amélioration durable de la qualité des eaux de baignade. Les travaux du bassin de pollution de la Place de France ont débuté en avril. Le chantier situé sur le site de l’ancienne gare routière est un enjeu financier évalué à 12 millions d’euros, dont 7 sont soutenus par l’agence. Construit en souterrain, la capacité de 12600 m 3 du bassin intègre l’évolution des événements climatiques pour faire face à des événements pluvieux plus exceptionnels et va contribuer à réduire 90% des déversements d’eaux usées par temps de pluie. « C’est un chantier colossal pour l’agglomération Boulonnaise, souligne Ludovic Lemaire, qui nécessite de maintenir un haut niveau de sécurité. Les travaux sont réalisés en plein centre-ville, en secteur urbain très dense, ce qui demande des précautions extrêmes en matière de régulation de la circulation, de solutions de guidage d’engins, et occasionne un surcoût du projet. Le bassin devrait être mis en service d’ici l’été 2019 ». Autosurveillance des ouvrages Au regard de l’arrêté du 21 juillet 2015, qui renforce les obligations des maîtres d’ouvrage sur l’autosurveillance des systèmes d’assainissement pour mieux connaître leurs impacts notamment par temps de pluie, plusieurs réflexions sont actuellement en cours dans les principales agglomérations du littoral. Certains territoires, comme le Dunkerquois, ont engagé des démarches de schéma directeur de gestion des eaux pluviales et sont conscients que des efforts sont encore à consentir pour une parfaite maîtrise des rejets par temps de pluie. Pour répondre aux besoins en compétences des collectivités et les amener à privilégier les techniques alternatives à l’assainissement pluvial telles que l’infiltration, le stockage à la parcelle, l’agence accompagne les collectivités dans les études de modélisation des réseaux d’assainissement. « On essaie de promouvoir des politiques d’aménagement urbain qui intègrent le plus en amont possible les eaux pluviales. Autrement dit, il s’agit de pouvoir mettre autour de la table |