INNOVATION ET DÉVELOPPEMENT DURABLE L’eau de pluie : une ressource en eau méconnue mais à haut-potentiel Un levier à prendre en compte dans un contexte de changement climatique Les récents événements climatiques en France métropolitaine (automne 2015, sécheresse et restrictions d’eaux dans de nombreux départements français à l’été 2017), et plus largement dans le Monde (les cyclones Irma et Maria en septembre et octobre 2017), font prendre conscience de l’immédiateté du changement climatique et des impacts colossaux qu’il peut exercer sur les milieux, les populations, l’économie… Entre 1950 et 2014, rien qu’en France métropolitaine, 113 événements naturels très graves sont à l’origine de plus de 10 morts ou de plus de 30 millions d’euros de dommages matériels. 62% de ces événements correspondent à des inondations, dont environ la moitié s’est produite au cours de la dernière décennie. Dans un contexte de raréfaction de la ressource en eau, l’usage de l’eau de pluie apparait comme un levier important tout en restant une pratique négligée. Autorisé et encadré par l’arrêté du 21 août 2008, son usage est possible en France, aussi bien pour le particulier que pour les collectivités. Historiquement des eaux perçues comme une nuisance Les eaux pluviales, qui sont non potables, ont été longtemps perçues comme une source de nuisance à évacuer. Ce qui a conduit à la construction de réseaux enterrés d’évacuation, souvent insuffisants en cas de fortes intempéries, et à une imperméabilisation excessive des sols, amenant à des problèmes de pollution : eaux stagnantes liées aux difficultés d’évacuation, saturation des stations d’épuration en cas de fortes pluies... Actuellement l’eau potable est utilisée pour toutes sortes d’usages (domestiques, agricoles, industriels) y compris ceux pour lesquels cette qualité ne semble pas indispensable. Par exemple, dans les pays développés, l’alimentation des toilettes représente dans l’habitat à elle-seule plus de 20% de la consommation d’eau potable totale. Aujourd’hui, 93% des usages de l’eau potable sont dits « non alimentaires » : hygiène, nettoyage dans et hors de la maison, arrosage des jardins, remplissage des piscines… En moyenne une personne utilise 148 L d’eau par jour pour ses besoins domestiques (douche, lessive…) mais seulement 7% pour l’alimentation. (Source : Centre d’Information sur l’Eau). Rationaliser notre consommation (équipements hydro-économes, changement de comportement…), et utiliser de l’eau de pluie pour certains usages s’inscrivent dans cette logique. Une note émanant de la Direction Générale des Collectivités Locales à l’été 2016 a précisé que la compétence assainissement de la Loi NOTRe inclut la gestion des eaux pluviales. L’Association des Maires de France et la FNCCR s’étaient toutes les deux interrogées sur la valeur juridique du document et sur la limite des eaux pluviales (urbaines ou rurales) ainsi que le financement… Comment optimiser la gestion des eaux pluviales ? « Plusieurs types d’actions existent pour optimiser la gestion des eaux pluviales », a expliqué Nadine Aires de l’Agence de l’eau Seine-Normandie à l’occasion d’un atelier dédié à cette question : renforcer la prise en compte de ces eaux dans les documents d’urbanisme, réduire les volumes collectés par temps de pluie, optimiser le fonctionnement des systèmes d’assainissement et, en l’absence de solution alternative, traiter les effluents susceptibles de dégrader le milieu récepteur. « Les zones concernant les eaux pluviales peuvent être délimitées dans le règlement du plan local d’urbanisme (PLU) et les zonages pluviaux reproduits dans leur annexe », rappelle Emmanuel Frison de la direction de l’environnement et de l’énergie d’Ile-de-France (Driee Ile-de-France). L’Eau magazine décembre 2017 n°30 41 |