TRIBUNE Interview de Bruno Cavagné, Président de la Fédération nationale des Travaux publics (FNTP) Nous sommes à un peu plus de 6 mois de l’élection présidentielle. Comment la FNTP aborde-t-elle cette élection ? Avec une grande détermination et beaucoup d’énergie. Toutes nos équipes, Fédération nationale, Fédérations régionales, Syndicats de spécialités sont en ordre de bataille. Nous avons collectivement beaucoup travaillé et nous allons être force de propositions solides et sérieuses dans cette élection. Notre principal objectif est de remettre l’investissement public, et particulièrement l’investissement en infrastructures, au cœur du débat. C’est un enjeu de compétitivité pour notre économie, de cohésion pour notre société et de développement durable pour nos territoires. Sans cesse, je répète à mes interlocuteurs que les travaux publics sont une des solutions aux crises multiples que traverse notre pays. Alors, qu’attendent les pouvoirs publics pour agir ? En mai prochain, il faudra franchir le Rubicon et passer des paroles aux actes ! Vous avez publié, le 1er septembre, une tribune « Réinvestissons la France » : comment comptez-vous porter ce message auprès des décideurs publics ? Ne pourrait-on pas s’appuyer sur les citoyens pour sensibiliser les décideurs à la nécessité de préserver notre patrimoine d’infrastructures ? Réinvestissons la France, c’est un message fort, avec un contenu précis et des propositions concrètes (gouvernance de la politique d’aménagement du territoire, priorisation des projets d’investissement, financements adaptés et innovants). C’est un message qui part d’un constat que personne ne peut, ni ne doit, ignorer : notre pays perd une place par an dans les classements internationaux du fait de la dégradation de l’état de ses infrastructures. Nous sommes sur une pente dangereuse pour l’attractivité de nos territoires. Nous sommes face à une gestion publique irresponsable qui fait peser sur les générations futures le fardeau d’une dette considérable. Vous avez raison de souligner qu’il nous faut, à la fois, 4 L’eau magazine novembre 2016 n°28 FNTP interpeller les décideurs publics et sensibiliser le citoyen, l’usager. Dans les mois qui viennent, nous ferons les deux, avec un grand rendez-vous le 23 février à Paris, et des débats participatifs dans un grand nombre de Régions. L’entretien des infrastructures, ce n’est pas un sujet d’initiés, c’est l’affaire de tous ! C’est une question d’intérêt général ! Dans votre tribune, vous prônez un Conseil national des Infrastructures … Depuis mon élection, je ne cesse de réclamer aux élus et responsables politiques que je rencontre, de la visibilité pour notre secteur et pour nos entreprises. Rien n’est pire pour un chef d’entreprise que de naviguer à vue. Il y a des années que nous sommes ballotés entre des schémas d’équipement mort-nés et des projets d’investissement avortés. Il faut en finir avec les effets d’annonces. Nous avons parfaitement conscience que tout n’est pas possible, tout de suite. La situation de nos finances publiques ne nous le permet pas, et je ne dirai jamais le contraire. En revanche, nous savons que les besoins sont là : en équipements neufs, comme en entretien du patrimoine existant. Alors, évaluons l’état de notre patrimoine de manière objective, faisons la liste des projets à engager en insistant sur les projets prioritaires, et prévoyons les financements nécessaires. Voilà le rôle que j’assigne à ce Conseil national des Infrastructures que j’appelle de mes vœux. Ce n’est pas très compliqué à mettre en place et cela ne coûte rien au contribuable. Reste à inscrire le fruit du travail réalisé par ce Conseil dans une loi de programmation de 5 ans, pour qu’on ne soit pas tenté d’y revenir tous les 6 mois. Vous préconisez de relancer l’investissement dans les infrastructures. Quelle place pour les infrastructures de l’eau (réseaux d’eau potable et assainissement, stations d’épuration, réservoirs, gestion des eaux pluviales…) dans cette relance ? Soyons clairs. Quand je parle relance de l’investissement |