Dossier - Gestion des eaux pluviales De l’infiltration à la gestion des réseaux : des innovations pour les eaux pluviales Tous les territoires ne sont pas égaux face aux eaux pluviales. Tout d’abord car leurs sous-sols sont plus ou moins favorables à l’infiltration. Mais aussi car les infrastructures qui les équipent sont très variables : réseaux unitaires ou séparatifs, présence ou non de bassins d’orage… En outre, de plus en plus, la gestion des eaux pluviales est une affaire tant de quantité, pour limiter les inondations, que de qualité pour éviter les pollutions. Face à ces enjeux, industriels, collectivités et services publics innovent sur tous les fronts, tant techniques que réglementaires et organisationnels. Les réponses apportées pour améliorer la gestion des eaux pluviales devront toujours être nuancées en fonction de la situation locale. Une grande tendance existe toutefois depuis une bonne dizaine d’années : la promotion d’une gestion intégrée des eaux pluviales. Il s’agit de favoriser au maximum la gestion au plus près de la parcelle, afin de réduire les pollutions, les risques d’inondation et le besoin de construire des infrastructures publiques pour gérer ces eaux. « C’est le ruissellement sur une surface polluée qui entraîne la pollution des eaux pluviales. Il faut donc diminuer la circulation de ces eaux pour réduire la pollution », indique ainsi Philippe Agenet, chargé de mission Assainissement non collectif et Eaux pluviales à l’agence de l’eau Loire Bretagne. Luc Manry, directeur commercial Europe chez Wavin et président du syndicat Stormqui rassemble cinq principaux industriels du marché des structures alvéolaires ultralégères (Saul) de rétention des eaux pluviales, va dans le même sens : « les eaux pluviales les plus polluées sont celles qui ont ruisselé sur une grande distance après une longue période de temps sec. Les Saul permettent de créer des bassins de stockage enterrés, modulaires, pour récupérer les eaux de pluie d’un quartier, d’un lotissement... donc de limiter le ruissellement et de maîtriser la pollution de ces eaux ». D’autres techniques dites « alternatives » aux réseaux d’évacuation des eaux pluviales existent et sont de plus en plus souvent mises en œuvre : noues, chaussées drainantes, puits d’infiltration, toitures végétalisées et cuves de récupération des eaux de pluie. 60 Ces solutions offrent en outre l’avantage d’écrêter les phénomènes pluvieux, c’est-à-dire de retarder l’arrivée des eaux de pluie dans les milieux – limitant ainsi les risques d’inondation – ou dans les réseaux d’assainissement. L’effet de ces équipements sur les inondations dépendra évidemment de l’ampleur du phénomène pluvieux, mais il peut ne pas être négligeable. Vers plus de qualité Par ailleurs, les solutions de gestion des eaux pluviales à la parcelle vont parfois plus loin que le seul stockage-écrêtement. « La prise de conscience de l’importance d’écrêter les pluies, qui date d’il y a quelques années déjà, se poursuit aujourd’hui avec un souci pour la qualité de l’eau rejetée. Cela signifie qu’il faut installer un système de traitement en amont ou en aval des structures de rétention. Surtout si l’on veut rejeter directement dans le milieu », soutient Luc Manry. Avec certaines techniques alternatives comme les chaussées drainantes ou les puits d’infiltration, la dépollution reposera sur des systèmes de filtration et sur l’action des bactéries présentent dans le milieu naturel (sol, eaux). La capacité d’épuration réelle de ces solutions d’infiltration ou de lagunage est toutefois encore peu connue. Le Centre technique pluvial de Lyonnaise des Eaux s’apprête d’ailleurs à lancer un observatoire des techniques alternatives sur la Communauté urbaine de Bordeaux. Quatre sites devraient être sélectionnés en 2014 parmi plusieurs techniques : bassins à ciel ouvert avec rétention/infiltration ou rétention/restitution ; enrobés poreux ; toitures végétalisées ; noues. « Dès 2015, nous lancerons les campagnes de mesures de la qualité des L’eau magazine juin juin 2011 2014 N°17 N°23 |