« Bâtir des services publics de l’eau durables » Le modèle français de gestion de l’eau est un précurseur en termes de décentralisation. La loi sur l’eau de 1964 est un modèle de décentralisation et de gestion participative pris en exemple dans de nombreux pays. Ce modèle précurseur avait même innové en instaurant, selon le principe « pollueur-payeur », des redevances affectées au financement de la politique de l’eau. A l’échelle des bassins versants, une gouvernance associe tous les acteurs institutionnels, socio-professionnels, usagers de territoires interrégionaux. A ce titre, les collectivités territoriales se sont fortement impliquées dans les structures chargées de la cohérence par grand bassin versant. Aménager et développer un territoire est aussi, je dirais même surtout, gérer la ressource en eau, voilà une idée qu’il faut encore promouvoir. Il est évident que pour réussir le pari d’une gestion équilibrée des ressources en eau et des milieux aquatiques, il est essentiel désormais de réussir l’association des intercommunalités du petit et du grand cycle de l’eau, en tenant compte des spécificités des territoires. Au fil des années, - parce que les chantiers étaient importants - les acteurs ont été multipliés, avec le risque d’un manque de cohérence des interventions. Rationalisons les structures pour bâtir des services publics de l’eau « durables » qui sauront répondre aux attentes de nos concitoyens sur le plan environnemental, social et économique et rapprocheront le grand et le petit cycle de l’eau, le tout dans une logique de résultats et non plus seulement de moyens. Aujourd’hui les pressions sur les ressources naturelles restent fortes, de nouveaux enjeux sont à traiter, tels que le réchauffement climatique ou encore les pollutions diffuses voire émergentes. De plus, le contexte économique rend moins facile l’appropriation et le portage des actions  : il faut donc faire évoluer notre organisation, nos méthodes de travail et rechercher plus encore une meilleure articulation des échelons et des politiques. A l’échelle régionale, interrégionale… le plus près possible de la réalité du bassin versant. De nombreuses missions d’évaluation se sont penchées sur la politique de l’eau cette année. La conférence environnementale en septembre a globalement conforté les acquis de la gestion par bassin. Devant les difficultés de vivre ensemble sur un territoire tout en conservant son patrimoine naturel, éloignons toute idée d’un retour à la centralisation ; c’est bien en renforçant l’implication des collectivités et en favorisant leur regroupement à l’échelle de bassins versants que nous trouverons les solutions locales les plus innovantes et adaptées aux territoires ; Avec le Comité de bassin comme parlement de l’eau et garants de la solidarité amont-aval. Tribune Plusieurs dispositions du projet de loi de décentralisation impacteront la politique de l’eau. Martin Malvy, président du Comité de bassin Adour-Garonne et président du conseil régional Midi-Pyrénées, pointe les principaux enjeux auxquels la loi devrait répondre. Le questionnement sur le prix de l’eau n’est pas accessoire  : la politique de l’eau doit répondre à la préoccupation du juste prix de l’eau qui, dans une logique durable, prendra en compte tout autant l’environnement que la soutenabilité économique et sociale de nos choix d’organisation ; au-delà de ces questions qui nous interrogent sur notre modèle national, le modèle français de gestion de l’eau doit pouvoir renforcer de nouvelles approches, construire de nouveaux partenariats et de nouvelles solidarités. Martin Malvy L’eau magazine novembre 2013 N°22 7L. Moynat