Dossier - Reuse La reuse à l’international À l’image des actions mises en place en Espagne, Israël, Singapour ou en Australie, la reuse a connu une croissance mondiale considérable lors des dix dernières années. L'usine de Lisbonne produit 52 500 m 3 d’eau par an pour le lavage des voiries, l’arrosage de parcs et de golfs et l’irrigation agricole. Les projets de réutilisation se multiplient dans des pays développés ou en voie de développement, et ont trait non seulement à l’irrigation mais également à d’autres usages, comme la réinjection d’eau dans les nappes, la lutte contre l’intrusion saline, l’utilisation industrielle et enfin la production d’eau potable. Ces usages se sont développés en suivant les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé ou de la réglementation nationale en vigueur quand cette dernière a été définie. Aux Etats-Unis, près de quarante États disposent de réglementations relatives à divers usages, le premier restant l’agriculture. En Californie, état qui souffre régulièrement de sécheresses et de stress hydrique, l’usine de recyclage de l’eau de West Basin fournit, en fonction de la ligne de traitement choisie, cinq qualités d’eau différentes correspondant chacune à un usage, y compris pour l’irrigation d’espace verts publics et de jardins privés. « En Floride, où les ressources naturelles restent relativement importantes, le soutien à la reuse a pour objectif de préserver la qualité de l’eau et sauvegarder la biodiversité », indique Valentina Lazarova, expert chez 70 Veolia Suez-Environnement et présidente du groupe spécialisé en réutilisation de l’eau de l’International Water Association (IWA). De nombreux projets se sont également développés sur le bassin méditerranéen comme en Italie, au Maroc, en Algérie ou encore à Chypre, pays qui s’est même fixé comme objectif de recycler 100% de ses eaux usées. En Espagne, la mise en œuvre d’une réglementation nationale et d’une politique d’accompagnement a permis la réalisation de projets importants, notamment en Andalousie et en Catalogne. « À Barcelone, 300 000 m 3 par jour d’eaux usées réutilisables sont produites chaque jour après traitement par décantation (Actiflo) , filtration à disques et désinfection. Une très grande partie de ces eaux est utilisée pour l’irrigation, et les quelques pourcents restants servent, après un traitement complémentaire par osmose inverse, à éviter les intrusions d’eau de mer dans les nappes », précise Abdelkader Gaïd, directeur technique adjoint de Veolia Eau. À Singapour, la reuse a également profité du soutien important du gouvernement où « la mise en place de cette pratique s’est faite en un temps record avec des financements importants », souligne Valentina Lazarova. Cinqusines de recyclage d’eaux usées ont ainsi été construites depuis 2003 avec une capacité totale de 531 000 m 3 par jour. Sur le site de Kranji, une double barrière de microfiltration et d’osmose inverse assurait la production de 40 000 m 3 par jour pour des besoins industriels. « La qualité de l’eau était tellement belle que la production d’eau potable a été envisagée », explique Abdelkader Gaïd. Depuis 2005, une partie des eaux usées traitées est ainsi envoyés dans des réservoirs d’eau potable. Le seul et unique exemple historique de production directe d’eau potable à partir des eaux usées est celui de l’usine de Windhoek, en Namibie. « Il y a une dizaine d’années, une étude de l’OMS n’avait pas montré de relation directe entre la qualité de l’eau distribuée et la mortalité, ce qui avait rassuré les autorités locales et a permis de valider cet usage », ajoute Abdelkader Gaïd. L’eau magazine juin juin 2011 2013 N°17 N°21 |