Recherche & innovation Dessalement : trois innovations pour un marché en forte croissance Le monde du dessalement ne cesse d’innover. Focus sur trois évolutions technologiques, qui ressemblent parfois à des technologies de rupture. La première, présentée par GE Energy, concerne l’efficacité énergétique des pompes. La seconde, explorée par des chercheurs du MIT, se penche sur les possibilités ouvertes par des membranes de graphène nanoporeux. La troisième est proposée par TMW et cible les besoins des petits et moyens consommateurs. 68 Des pompes économes pour l’eau salée GE Energy a présenté lors de la semaine internationale de l’eau de Singapour en juillet 2012 une nouvelle pompe à pistons pour le dessalement par osmose inverse. Avec cette nouveauté, l’industriel ouvre la technologie dite à déplacement positif aux débits supérieurs à 1000 m 3/jour. Ce type de pompes, qui consomme moins d’énergie que les pompes centrifuges, était jusque-là utilisé surtout pour des débits inférieurs à 1000 m 3/jour : sur les modèles plus grands, des problèmes de vibration et de maintenance apparaissaient. Baptisée Integrated pump and energy recovery (IPER), la nouvelle pompe de GE n’est pas confrontée à ces inconvénients grâce son système d’entraînement hydraulique, qui remplace le traditionnel vilebrequin. Et elle réduit d’après son constructeur la consommation énergétique du pompage de l’eau de mer de 10%. Des nanomatériaux au service du dessalement Deux scientifiques du Massachusetts Institute of Technology (MIT), David Cohen- Tanugi et JeffreyC. Grossman, ont testé l’utilisation de graphène nanoporeux pour filtrer l’eau de mer, avec des résultats encourageants. Le graphène nanoporeux présente plusieurs avantages par rapport à l’osmose inverse, notamment celui de fonctionner à faible pression, d’où de potentielles économies d’énergie. Utilisable en couche ultrafine d’un atome seulement d’épaisseur, il serait aussi capable de filtrer l’eau de mer beaucoup plus rapidement. D’après eux, deux obstacles sont encore à franchir pour mettre en œuvre cette technologie : assurer la stabilité mécanique du matériau et maîtriser les caractéristiques des pores sur le graphène. Répondre aux besoins du « petit dessalement » Quant à TMW, société issue de la fusion de 3 MW et TET, elle a lancé sur le marché fin 2011 Aquastill, pour le dessalement d’eau de mer. L’appareil transforme l’eau de mer en eau déminéralisée en la soumettant à un flux d’air chaud. L’eau évaporée se condense sur une plaque froide et est recueillie par écoulement. De l’autre côté de l’appareil, la saumure est évacuée. D’une capacité de 1 à 10 m 3 par jour, Aquastill peut fonctionner par énergie solaire ou grâce à la chaleur fatale d’un équipement. « Aujourd’hui, l’offre en petits systèmes de dessalement se limitait à l’osmose inverse, coûteuse et complexe à opérer. Le potentiel du marché est énorme », estime Antoine Gourdon, directeur du développement de TMW. Quatre appareils sont déjà en action, dont deux sur des plateformes d’essais d’industriels, et un troisième chez un ostréiculteur. TMW étant en phase de démarrage industriel, la priorité est de se doter de l’outil de production pour aborder sereinement, dans un deuxième temps, le développement commercial. Caroline Kim L’eau magazine novembre 2012 N°20 |