International À Rio+20, l’eau avait sa place dans les discussions Même si la conférence de Rio+20 ne répond pas à toutes les attentes, l’eau y gagne en reconnaissance. 32 Organisée à Rio du 20 au 22 juin 2012, la conférence des Nations unies sur le développement durable, dite Rio+20, est un succès sur la forme : plus de 45 000 participants de 188 pays étaient présents, 86 chefs d’État et de gouvernement avaient fait le déplacement, parmi eux François Hollande. Sur le fond, le bilan est plus mitigé. Dans les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) adoptés en 2000 par l’Onu, l’eau et l’assainissement ne sont qu’un sous-objectif de l’objectif 7 intitulé « Assurer un environnement durable » ; à Rio+20, ils occupent désormais plus de place dans les discussions, à la croisée des dimensions économique, sociale et environnemental. La pollution des eaux par l’homme est aussi clairement dénoncée par l’Onu, et la volonté de réduire la pollution et d’améliorer la gestion des eaux usées est rappelée à plusieurs reprises. Autre avancée : le droit à l’eau et à l’assainissement fait l’objet d’une déclaration consensuelle. Portée lors du 6 e Forum mondial de l’eau, la dynamique a pourtant été fortement menacée à Rio pendant les négociations par certains pays refusant la mention de toute référence aux droits humains. Le point positif repose surtout sur la feuille de route qui doit fixer des Objectifs du développement durable (ODD) sur le modèle de ceux du Millénaire. Leur définition est cependant laissée à un groupe de travail qui fera ses propositions en 2013 pour une mise en application à partir de 2015. Le point le plus négatif porte sur la coopération transfrontalière et la gestion par bassin versant. À aucun moment, elles ne sont mentionnées, excepté une fois pour les eaux usées. La quasi-totalité des mentions existantes dans les textes précédents a purement et simplement été retirée face aux oppositions de certains États, au premier rang desquels le Canada. Sophie Besrest Un nouveau plan pour assurer une gestion efficiente de la ressource en eau Pour améliorer la gestion des eaux sur le Vieux Continent, l’Europe peut désormais s’appuyer sur le Blueprint. D’ici la fin novembre 2012, la Commission européenne (CE) rendra public son nouveau plan d’action pour la gestion des eaux en Europe, baptisé Blueprint. Ce document « a vocation à présenter la réponse politique de l’UE aux défis relatifs à la gestion des ressources en eau, compte tenu de leur vulnérabilité, avec un but à long terme d’assurer la disponibilité suffisante d’eau de bonne qualité pour un usage durable et équitable de l’eau », précise Jacques Delsalle, de la direction générale de l’Environnement à la Commission européenne, qui ajoute que « l’horizon temporel du Blueprint est 2020, en lien étroit avec la stratégie 2020 de l’Union Européenne ». Néanmoins, l’analyse soutenant ce plan couvre une période plus vaste, jusqu’en 2050. En s’appuyant notamment sur l’évaluation des plans de gestion des eaux de chaque État membre élaborés fin 2010, le Blueprint précise ainsi les actions nécessaires au niveau européen pour diminuer la vulnérabilité des ressources face à la variabilité du climat, aux changements démographiques ainsi qu’aux transformations dans l’usage du territoire. En outre, il repose également sur un instrument d’évaluation appelé Fitness check, qui examine l’ensemble des mesures existantes dans l’Union européenne (directive cadre sur l’eau, les deux directives associées sur les substances prioritaires et les eaux souterraines, la directive inondation, la directive nitrate et traitement des eaux usées). Ce Fitness check devrait permettre d’identifier les éventuelles lacunes de ces textes, leur cohérence et leur efficacité. Il est toutefois important de rappeler que le Blueprint n’est pas un nouvel instrument réglementaire, mais représente surtout un outil pour améliorer la mise en œuvre de la politique de l’eau européenne actuelle et encourager l’intégration de l’eau dans les autres politiques comme l’agriculture.C.C. L’eau magazine novembre 2012 N°20 |