International « Ne soyons donc pas trop critiques... » 26 Avez-vous noté des points de blocages entre participants lors de ce forum ? Je n’ai pas noté de blocage majeur que nous n’ayons pas rencontré déjà. Vous savez que j’ai animé le processus des « autorités locales » du Forum, des élus locaux donc. Un blocage bien connu et qu’aucun forum ne pourra résoudre, c’est la différence d’organisation des collectivités locales au sein des pays. Selon les États, on aura des responsabilités différentes, en fonction de l’histoire de chaque pays, mais aussi de la situation de stress hydrique dans laquelle se trouve le pays concerné : l’État central interviendra plus si le pays connaît la sécheresse en raison des conséquences sur l’agriculture, par exemple. Si l’État est fédéral, le niveau bassin hydraulique n’est souvent pas bien pris en compte, voire inexistant. Il y a donc des blocages et très souvent il y a une certaine déception à la lecture des documents produits, que l’on trouve trop généraux. C’est inévitable dans ce genre de manifestation. Mais cette confrontation permet de mettre au jour les avantages et les inconvénients de chaque organisation et progressivement, de rétablir un équilibre, de faire coïncider déclaration générale et engagement local. Que pensez-vous de certaines critiques qui déplorent l’absence de prise d’engagements fermes ? Pour les engagements fermes, je trouve la critique un peu facile. Le Forum n’est bien évidemment pas un lieu où des États vont prendre des engagements précis, ce n’est pas une conférence internationale. Par contre, il y millénaire pour le développement (OMD) définis par l’Onu. Christophe Taamourte a des engagements précis pris par des collectivités locales. Par exemple, la signature du Pacte d’Istanbul pour l’eau par près d’un millier de collectivités, c’est à la fois peu et beaucoup d’engagements fermes. Je crois qu’il ne faut pas se tromper d’exercice. Le Forum, c’est un lieu de rencontre et d’échanges, certains ont participé à tous les forums et sont donc en avance, ils peuvent s’engager fermement. D’autres découvrent et doivent déjà convaincre chez eux de l’intérêt de s’engager. Ne soyons donc pas trop critiques. Je pense par exemple aux engagements pris par Célestine Ketcha Courtes, maire de Bangangté au Cameroun, à ceux pris par Betty Lourdes Tabanda, de la ville de Baguio City aux Philippines et à ceux de Maria Sol Corral, vice-maire de Quito en Équateur. Leurs engagements, c’étaient des moments très forts du Forum de Marseille, et je crois que ce n’est pas rien. Avez-vous une idée des futures priorités qui seront abordées lors du prochain forum en 2015 ? Non, je n’ai pas d’idées préconçues sur les futures priorités que les responsables du Forum dégageront pour le 7 e forum mondial en Corée du Sud, à Daegu, en 2015. C’est en effet l’organisateur, le Conseil mondial de l’eau et le pays hôte qui définissent les priorités et les thèmes moteurs de chaque Forum et je ne peux pas me substituer à eux. En revanche, en trois ans, les problèmes, les solutions et les priorités ne pourront pas changer du tout au tout, dans un domaine qui requiert du temps, beaucoup de temps. Je suis donc sûr que la problématique du changement climatique sera encore une priorité du 7 e Forum, parce qu’elle appelle à une remise à plat de la question de l’eau comme celles d’autres ressources naturelles. Il faut arrêter la fuite en avant et la croissance aveugle de la consommation des eaux de surface et des eaux souterraines et reconstruire une gestion globale de l’eau en recherchant nos besoins fondamentaux, leurs priorités respectives, les économies possibles, les capacités de l’environnement et ses besoins propres. Il nous faut faire coïncider développement et ressource en eau. Nous aurons besoin d’une vision posée, sur le très long terme, dans une attitude de responsabilité vis-à-vis de nos concitoyens et des générations futures. Propos recueillis par Clément Cygler L’eau magazine juin 2012 N°19 |