Dossier La récupération des eaux de pluie, une ressource à ne pas négliger Pour faire face aux phénomènes récurrents de sécheresse et la crainte de pénurie, la récupération de l’eau pluviale semble la solution tombée du ciel ! Récupérer les eaux de pluie est une pratique vieille comme le monde ! Un bon vieux tonneau de bois et le tour est joué. Mais c’était avant. Avant notamment la promulgation de l’arrêté du 21 août 2008 qui fixe les modalités d’utilisation de l’eau du ciel. Acidité, sulfate, nitrates, ammonium… autant d’éléments qui peuvent être présents dans cette eau et la rendre impropre à la consommation. « Seule l’eau de pluie collectée à l’aval de toitures inaccessibles peut être utilisée pour des usages domestiques extérieurs au bâtiment, pour l’évacuation des excrétas et le lavage des sols à l’intérieur des bâtiments et, à titre expérimental et sous condition, pour le lavage du linge… Les usages professionnels et industriels de l’eau de pluie sont autorisés, à l’exception de ceux qui requièrent l’emploi d’eau destinée à la consommation humaine » (art. R 1321-1 du Code de la santé publique). Particuliers et collectivités ont commencé à s’équiper. « La récupération d’eau de pluie permet aux différents usagers de faire des économies et de participer activement à la préservation collégiale de la ressource », assure Jérémie Steininger, secrétaire général de l’Ifep, le syndicat des Industriels français de l’eau de pluie. Argument de poids en période de sécheresse. D’autant que pour les usages domestiques, 78 DR 56% de l’eau utilisée ne nécessite pas une qualité d’eau potable. Correctement filtrée, l’eau de pluie peut servir par exemple pour laver des surfaces ou des véhicules, arroser les espaces verts, alimenter les toilettes. Cet usage bien compris a entraîné l’apparition depuis une trentaine d’années de systèmes de récupération dont certains de stockage et filtrage dotés de suppresseurs permettent de recouvrer jusqu’à 70 m 3 d’eau par an et par famille. Récupérer l’eau de pluie dans les collectivités Bon nombre de municipalités ont instauré une réelle politique de récupération. Dans l’agglomération d’Orléans, en 2007, la commune de Saint-Jean-de-Braye a recyclé deux anciennes cuves enterrées de 60 000 litres et 10 000 litres pour stocker l’eau de pluie recueillie via un réseau d’adduction d’eau à partir des gouttières des toitures. Un suppresseur et un réseau de distribution ont été aussi installés. « Une des serres était déjà équipée d’un bassin de récupération des eaux pluviales de 20 000 litres », précise Jean-Daniel Guitteaud, directeur du centre technique municipal. L’eau récoltée permet d’économiser près de 600 m 3 d’eau par an soit une économie d’environ 2 000 euros. Elle sert au balayage des rues, au lavage de véhicules et à l’arrosage des plantes. Parallèlement, en avril 2010, Saint-Jean-de-Braye a financé en partie les récupérateurs d’eau de pluie que ses administrés utilisent pour arroser leur jardin. Ainsi 300 appareils de 310 litres ont été distribués à 10 euros l’unité ! Autre cas, la ville de Marcq-en-Baroeul, dans le Nord. Cette dernière a équipé son centre technique municipal d’un dispositif de récupération des eaux de pluie. « Nous octroyons aussi aux habitants une prime de 30 euros pour l’acquisition d’une cuve de récupération d’une capacité inférieure à 500 litres et de 50 euros au-delà », souligne Christiane de France, directrice générale du centre technique. Des projets plus importants sont mis en place dans des agglomérations comme Lyon ou Marseille. Pour Jérémie Steininger, « la récupération de l’eau de pluie présente un enjeu majeur en limitant les impacts du ruissellement des eaux lors des épisodes pluvieux de plus en plus forts et violents, en permettant le stockage partiel ou total des eaux de pluie, et en régulant leur débit. » « Elle peut s’inscrire notamment dans une démarche de développement durable où chaque l’individu ou maître d’ouvrage a envie d’être acteur », ajoute Bernard de Gouvello, chercheur au Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). Marie Gilles L’eau L’eau magazine novembre juin 2011 2011 N°17 N°18 |