Dossier Remettre les réseaux à neuf La loi prévoit le renouvellement par les collectivités locales des canalisations, dont les fuites entraînent 1,5 milliard de m 3 de pertes en eau. 72 Comment colmater les fuites Pour réparer les pertes d’eau des canalisations, plusieurs solutions sont possibles. Mohsen Hassine, directeur technique de la Sade, concepteur, constructeur et mainteneur de réseaux d’eau potable et d’assainissement les connaît toutes. « On utilise pour les remplacements, les manchons Inox articulés ou non, ou encore dans certains cas, la coupe et ses deux jonctions type Gibault. Pour étancher les joints en plombfuyards sur les anciennes conduites en fonte grise, on se sert des brides de réparation extérieure. En revanche pour étancher les joints fuyards des conduites en fonte, acier et de type Bonna, les joints d’étanchéité posés en interne dans les tuyauteries gros diamètre. Sinon, une jonction mécanique étanche pour la réfection d’un joint plombà l’identique ou son remplacement. Et sur des conduites en PEHD, le meilleur moyen reste les « patchs » de réparation électrosoudables. » DR La rénovation des réseaux d’eau potable ne se fait pas au rythme qu’il faudrait. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur les 906 000 km de réseaux que comptent la France, le taux de renouvellement n’est que de 0,6%, soit 5 041 km par an. À ce rythme, il faudrait près de deux siècles de travaux pour garantir la totalité du renouvellement des canalisations. Or la moitié du réseau a plus de 50 ans et 20% des canalisations datent d’avant les années 1960, dont les matériaux anciens – fonte grise et acier – favorisent les fuites par leurs caractéristiques cassantes ou corrodantes. Sur les 6 milliards de mètres cubes d’eau potable produits, 22% en moyenne sont perdus à cause des fuites ; un pourcentage qui peut atteindre 40% localement. Chaque année, les pertes en eau se chiffrent à 1,5 milliard de mètres cubes, ce qui correspond à 2,4 milliards d’euros, sur la base d’un prix moyen de l’eau potable de 1,60 euro le mètre cube. « De quoi pouvoir accélérer le renouvellement des réseaux, puisqu’il faudrait 1,5 milliard d’euros pour les remettre en bon état de marche », annonçait Jacques Dolmazon, président de Canalisateurs de France, lors d’une rencontre avec la presse en juillet dernier. Le syndicat professionnel souhaite aussi attirer l’attention sur la baisse des dépenses d’équipement en 2010, et des impacts à venir sur la gestion patrimoniale des réseaux au regard de la réforme des collectivités territoriales et des nouveaux découpages administratifs. « Le regroupement de grosses collectivités risque de créer un déséquilibre entre le monde rural et urbain. Quelle sera dès lors la place de la solidarité dans notre société et du débat sur la péréquation ? », questionne le président de Canalisateurs de France. Pour relancer les travaux, Jacques Dolmazon compte sur l’application de l’article 161 de la loi Grenelle II (loi n°2010-788 du 12 juillet 2010) relatif à l’obligation de renouvellement des réseaux d’eau et d’assainissement. La loi Grenelle II impose la réalisation d’un descriptif détaillé des ouvrages de transport et de distribution d’eau potable avant fin 2013. Les collectivités locales ont une obligation d’amélioration du rendement du service de 85% pour les grandes villes, et 70% pour les communes rurales. Un plan d’action doit être prévu en cas de dépassement du taux de perte en eau du réseau fixé par décret, dans un délai de trois ans à compter du constat de ce dépassement. À défaut, le taux de la L’eau L’eau magazine novembre juin 2011 2011 N°17 N°18 |