International Djibouti : de l’eau au robinet pour le bidonville de Balbala La ville de Djibouti a décidé de raccorder au réseau un de ses quartiers les plus pauvres. C’est Vinci Construction qui va réhabiliter les 120 km de canalisations et la station de pompage. 56 Le bidonville de Balbala a besoin de 40 000 m 3 d’eau potable par jour. Balbala, un quartier dans l’ouest de la ville de Djibouti, qu’on qualifie à habitat spontané, soit en termes moins choisis, un bidonville. Pas ou peu d’accès à l’eau si ce n’est par des fontaines publiques, des réseaux endommagés, des fuites dans les canalisations, des branchements clandestins. Sur les 40 000 m 3/jour d’eau potable produite, 50% ne sont pas facturés. Appel d’offres Le bilan dressé en 2005 par un cabinet d’études canadien a abouti à un appel d’offres lancé en mai 2010 par l’Onead (Office national de l’eau et de l’assainissement de Djibouti) pour améliorer la situation. Le lot travaux a été remporté par Vinci Construction, qui a reçu son ordre de service en juillet 2011. Le chantier a commencé en octobre 2011 et devrait durer 18 mois. « Nous assurons la réhabilitation des 19 forages, de la station de pompage locale et de 120 kilomètres de canalisations, pour distribuer effectivement 40 000 m 3 par jour. S’y ajoutent une extension de 60 kilomètres de réseau et 6 000 DR nouveaux branchements », résume Julien Rayssiguier, directeur du département hydraulique internationale de Vinci Construction Grands projets. L’ensemble devrait desservir Balbala et les nouveaux quartiers résidentiels, soit une population de 150 000 à 200 000 personnes. Cependant, l’eau au robinet, en raison de la forte salinité des nappes, gardera un goût saumâtre. « C’est un sacré défi de travailler dans un quartier populaire comme Balbala. L’Onead s’est engagé à faire œuvre de pédagogie en amont pour nous permettre de travailler sans trop de problème. Mais, si les habitants devraient bien nous accueillir quand nous les raccorderons au réseau d’eau potable, ils pourraient se montrer moins hospitaliers quand nous leur mettrons des compteurs d’eau pour payer les factures », remarque Julien Rayssiguier. Une future usine de dessalement De plus, le matériel, français, se doit d’être particulièrement résistant, à cause de la haute salinité de l’eau et de sa forte température, qui peut atteindre 50 à 60 degrés. Un surcoût inclus dans l’offre de Vinci Construction. « Notre contrat se monte à 15 millions d’euros, avec 10% supplémentaires pour les aléas. Le tout est financé à 90% par le Fades [Fonds arabe pour le développement économique et social,ndlr] et le reste est en fonds propres », précise Julien Rayssiguier. Même après les travaux, la ville de Djibouti continuera à souffrir d’un déficit en eau. Soumise à un climat semi-aride, il pleut une fois tous les deux ans, elle est obligée d’aller chercher son eau dans les nappes phréatiques situées à la frontière somalienne. « L’Onead a pour également pour projet de construire une usine de dessalement qui donnera une eau de bonne qualité, et des barrages », assure Julien Rayssiguier. Sans oublier un autre projet de station de traitement des eaux usées, cette fois financé par l’Union européenne. La petite République de Djibouti a bien compris qu’elle se devait de donner à toute sa population l’accès à une eau potable et à l’assainissement. Zoé Lagier L’eau magazine novembre 2011 N°18 |