L'Eau Magazine n°18 nov 11 à mai 2012
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Métiers et formations Noël Louviot, fondeur depuis 34 ans À la Fonderie Huot, installée à Saint-Mihiel à une encablure de Verdun et de Bar-le- Duc, on restait en poste et à son poste toute sa vie. Rencontre avec Noël Louviot, fondeur. 108 Il est dans son bureau, blouse de travail, bleu de chauffe et franc sourire. Prêt à parler de son métier – un métier dont il a gravi, pendant trente-quatre ans, les échelons à la force du poignet. Lorrain d’origine, sa famille avait émigré à Paris, sa femme l’aura ramené au bercail. Noël Louviot entre chez Huot en 1977. À l’époque, on pouvait devenir fondeur sur le tas, et avec un BEP de mécanicien moteur en poche, il était déjà un peu dans le secteur. Il débutera dans le service outillage, avant de devenir coquilleur (fondeur). « J’ai commencé par fabriquer des moules. » La semaine comptabilisait alors 42 heures à chauffer, allumer, agiter, écumer, récupérer, mouler, démouler, peser, trier, charger. « Et on venait le samedi matin assurer l’entretien des machines », se souvientil. L’équipe comptait une vingtaine d’ouvriers, mais la production a baissé. Il y a trois ans, ils sont passés à six, aujourd’hui à quatre. À cause du matriçage, répond sans ciller Noël Louviot. Le service matriçage, ou estampage à chaud, est M.G.complètement automatisé. Les pièces reproduisent à la perfection l’empreinte du moule et avec un rendement bien supérieur à celui du fondeur. Du coup, le matriçage récupère toutes les petites pièces, ne laissant à la fonderie que les plus grosses. « Là où il nous faut huit heures, eux le font en une heure. Et c’est un service sans opérateur manuel », souligne Noël Louviot. À 54 ans, la situation ne l’inquiète pas trop. Il sait qu’il prendra sa retraite, main oblige, à 60 ans  : une machine lui a broyé deux doigts de la main droite. Jusque-là, on aura toujours besoin de lui, de toute façon, depuis son retour de l’hôpital, il est devenu responsable. Un métier, « plus administratif et plus valorisant même si je gagne moins qu’un coquilleur… » L’entreprise privilégie la formation sur le tas. Selon Noël Louviot, il faut environ deux ans pour maîtriser la fonction, ensuite les gestes se répètent. Heureusement, il est arrivé aussi au fondeur de créer des modèles. Un bonheur, car « il fallait décrypter un plan et réaliser l’outillage pour fabriquer la pièce et savoir comment la couler. Pas question de se tromper, un bloc de cuivre, ce n’est pas donné, c’est la partie la plus intéressante ! » Prendre la cadence Pour un fondeur, la journée commence à 5 heures du matin, jusqu’à 13 heures pour la relève qui quittera l’entreprise à 21 heures. On commence par préparer le bain de poteyage, sorte de mélange d’eau et graphite (sable) qui grimpe à environ 100° en cinq minutes. Il faut aussi décrasser quelque peu le four pour éviter l’oxydation de ce bain en fusion qui risque de modifier le métal, en l’occurrence le laiton, première spécialité de la maison Huot. Ce bain ne s’éteint jamais, l’équipe du soir se contente de baisser la température pour la nuit, le matin il suffit de réactiver. Puis, on prend la cadence  : une centaine de pièces coulées à l’heure. On pose le noyau en sable dans la coquille (le moule), on actionne le système de fermeture avec une pédale au pied et avec la louche, plongée dans le bain rougeoyant, on coule la pièce qu’on retire rapidement avec une L’eau magazine novembre 2011 N°18
pince. Le mouvement très répétitif ne s’interrompt que pour décrasser la coquille avec une sableuse. Résultat  : 100 pièces à l’heure pendant 7 heures, avec une pause d’un quart d’heure après environ 370 pièces. « Au début, on travaillait manuellement, on tenait la coquille avec la main, c’était les mêmes gestes mais sans fermeture automatique, on inclinait la coquille de 10°, on ajustait le mouvement de bascule que la machine assure aujourd’hui, et puis il fallait décoller cette pièce, taper sur les côtés pour l’extraire, c’était sacrément physique surtout avec les plus grosses qui pouvaient peser une quinzaine de kilos et à 1000°. Il fallait surtout bien la sécher si on ne voulait pas essuyer de projection de métal en fusion, les brûlures étaient fréquentes mais pas Comment devenir fondeur La filière fonderie dispose de toute la palette des diplômes habituels. Trois CAP  : le CAP alliages moulés sur modèles ; le CAP alliages moulés en moules permanents ; le CAP mouleurnoyauteur, cuivre et bronze. Un BEP  : le BEP de mise en œuvre des matériaux, option matériaux métalliques moulés. graves », se souvient-il. « À la fin de la journée, on pouvait avoir manipulé une tonne de métal, c’était quand même crevant. » D’autant que les conditions et l’environnement n’étaient pas les mêmes  : pas de système d’aspiration comme aujourd’hui, les fondeurs travaillaient à travers un nuage de particules saturant l’air. À la fin de la journée, ils n’avaient rien à envier aux mineurs. On les a d’ailleurs surnommés eux aussi « les Gueules Noires ». « Les conditions de travail se sont beaucoup améliorées, avec l’arrivée des machines en 1985 », reconnaît Noël Louviot. Il n’empêche, la profession exige encore et toujours de la concentration  : « Tout le monde ne peut pas le faire ! » Martine Guilcher Un bac professionnel  : le baccalauréat professionnel de mise en œuvre des matériaux (option  : matériaux métalliques moulés). Un BTS  : le BTS de mise en forme des alliages moulés, avec deux modules d’approfondissement sectoriel au choix  : moulage gravitaire ou moulage sous pression. Métiers et formations Un diplôme d’ingénieur délivré par l’ESFF, l’École Supérieure de Fonderie et de Forge, école privée d’enseignement technique supérieur reconnue par l’État, créée et gérée par l’Organisation professionnelle des industries des pièces métalliques moulées propose son diplôme d’ingénieur soit en formation initiale, soit en spécialisation. L’eau magazine novembre 2011 N°18 109 DR



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