84 Europe et international Forum mondial de l’eau : le « temps des solutions » Étape essentielle dans la préparation du 6e Forum mondial de l’eau, qui se tiendra en mars 2012 à Marseille : la deuxième réunion de consultation des parties prenantes a eu lieu à Paris, les 17 et 18 janvier 2011. Être le « forum des solutions ». C’est l’ambition qui est à présent clairement affichée par les organisateurs du 6 e Forum mondial de l’eau puisque l’intitulé officiel de ce forum sera : « Le temps des solutions ». Est-ce à dire que le temps de la discussion est passé ? Pas tout à fait. Mais il ressort des interventions des différents responsables présents à Paris, lors de cette réunion qui a rassemblé 400 participants venus de plus de 50 pays, qu’il faut à présent passer de la parole aux actes. C’est ce qu’a dit notamment Benedito Braga, président du Comité international du 6e Forum mondial de l’eau, lors de son discours d’ouverture : Parler de forum des solutions « ne signifie pas que les précédents forums n’ont pas abouti à des propositions intéressantes. Cependant, il est temps de mettre l’accent sur les solutions. Notre stratégie est de fixer des objectifs, et à partir de là, de faire émerger des solutions. » La situation est en effet, selon les termes de la ministre française de l’Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, « parfaitement accablante ». Si de réels efforts ont été faits ces dernières années, il reste encore 2,5 milliards de personnes dans le monde qui n’ont pas accès à l’assainissement, et 8 millions de personnes, dont 2 millions d’enfants, qui meurent chaque année à cause de l’eau insalubre qu’elles boivent. Ce qui signifie, a rappelé le ministre français de la Coopération Henri de Raincourt, que « l’eau tue plus que les guerres, la famine et le sida ». En plus des problèmes liés à la santé, Henri de Raincourt a souligné que l’eau était devenue un enjeu géostratégique majeur, « susceptible d’attiser les compétitions entre les États, s’il n’existe pas de cadre de gouvernance internationale approprié ». C’est pourquoi selon lui, si la formule « l’eau, c’est la vie » reste exacte, il convient d’y ajouter : « L’eau, c’est la paix. » Des forums qui connaissent un succès croissant Mais il faut peut-être rappeler en quoi consiste un Forum mondial de l’eau. C’est en 1997 qu’a eu lieu le premier Forum, à Marrakech, et qu’a été fixé l’objectif d’en tenir un tous les trois ans. La progression du nombre de participants montre de façon frappante à quel point les enjeux de l’eau ont pris une importance croissante dans les préoccupations des responsables : s’il n’y avait que 500 participants au Forum de Marrakech, ils étaient 6 000 à La Haye, en 2000 ; et 20 000 à Kyoto en 2003 ! L’idée maîtresse des forums est de réunir en un même lieu les responsables politiques, les représentants des organismes internationaux, des ONG et des entreprises. Le tout sous l’égide du Conseil mondial de l’Eau, ONG créée en 1996 par les Nations unies et des associations professionnelles. La préparation du Forum mondial se fait à travers un processus précis, décomposé en trois phases : première phase, la sélection d’objectifs cibles, grâce à une démarche participative et coopérative associant toutes les parties prenantes. Ces objectifs-cibles sont validés lors d’une réunion préparatoire. La deuxième phase permet de préparer des plans d’action – en travaillant sur des études de cas et en mettant en place des partenariats. C’est alors que sont rédigés les rapports qui seront présentés lors du Forum. Troisième phase : pendant le Forum lui-même, les rapports sont présentés, les étapes suivantes sont définies, et les parties prenantes s’engagent à mettre en œuvre des solutions dans un délai donné. On le voit, le Forum n’est pas une simple grand-messe trisannuelle, mais bien, à la fois, l’aboutissement d’un processus et le point de départ d’un autre. Deux conditions majeures de réussite Lors de la réunion de janvier à Paris, il a été souligné que deux conditions importantes doivent, entre autres, être réunies pour que le succès soit au rendez-vous : d’abord, comme l’a souligné Nathalie Kosciusko-Morizet, « améliorer le suivi des engagements pris lors du Forum. » Il faut pour cela « qu’une procédure pérenne de suivi soit mise en place, de telle façon que lorsque des engagements sont pris, chacun puisse avoir accès aux informations concernant leur mise en œuvre. Un mécanisme simple, sur une base électronique, pourrait être piloté par le Conseil mondial de l’Eau. » L’eau magazine juin 2011 N°17 |