46 Qualité et développement durable Eaux de piscines une meilleure maîtrise de la qualité de l’eau L’Agence nationale de sécurité sanitaire, l’Anses, s’est penchée sur l’évaluation des risques liés aux piscines réglementées. Dans son rapport publié en juin 2010, elle recommande plus d’hygiène des baigneurs et une meilleure maîtrise de la qualité de l’eau et de l’air. Quels sont les traitements mis en place et peuventils être mieux maîtrisés ? La réglementation française impose différentes consignes de conception et de traitement des eaux de piscine. Le bâtiment doit être équipé de façon à prévenir les contaminations microbiologiques – ce sont les pédiluves et les douches en entrée de bassin. Quant au traitement, l’eau de la piscine doit être filtrée, désinfectée et aussi désinfectante. C’est sur ce dernier point que l’on parle du fameux effet rémanent du chlore : son pouvoir antiseptique reste actif au sein de la piscine, garantissant une destruction rapide des bactéries et autres microorganismes pathogènes. Le recyclage de l’eau est aussi obligatoire : une demi-heure pour les pataugeoires, 1 h 30 pour les bassins de profondeur égale ou inférieure à 1,50m, et 4 heures pour les parties des autres bassins de profondeur supérieure à 1,50m. L’exploitant est, de plus, tenu de mesurer régulièrement le chlore et le pH de l’eau, et doit aussi tenir à jour le carnet sanitaire sur lequel sont annotées toutes les données ainsi que le planning de l’entretien du bâtiment. La prise de conscience du risque chimique En 2006, les ministères de la Santé et de l’Écologie mandataient l’Agence nationale de sécurité sanitaire, l’Anses (anciennement Afsset), pour élaborer un rapport d’expertise sur les effets relatifs des eaux de piscines sur la santé. En France comme à l’étranger, il existe très peu d’études sur les effets relatifs au chlore dans les piscines. Autant dire que l’Anses partait de zéro (voir interview page 47). Bien au-dessus du risque microbiologique, l’enjeu sanitaire porte surtout sur le risque chimique : les produits de Ozonia France désinfection de l’eau se recombinent avec la matière organique apportée dans l’eau par les baigneurs et forment des sous-produits qui sont des contaminants nocifs, comme les trichloramines ou le chloroforme. Ces composés peuvent atteindre des taux capables d’entraîner des troubles respiratoires, cutanés et oculaires chez les personnes qui fréquentent ces lieux à commencer par les maîtresnageurs, les sportifs, et les personnels des bâtiments. Depuis 2003, « les travaux exposant aux dérivés aminés des produits chlorés tels que la chloramine dans les piscines » figurent d’ailleurs dans le tableau des maladies professionnelles « rhinites et asthmes professionnels » annexé au livre IV du code de la Sécurité sociale (décret 2003/110 du 11 février 2003). Mais en quoi consistent ces traitements ? Le chlore peut être utilisé sous forme d’eau de javel ou sous forme gazeuse. Moins cher à l’investissement, le poste de chloration liquide est plus contraignant au niveau de l’exploitation. « L’hypochlorite de sodium étant un produit basique, cela pose des problèmes d’entartrage au niveau de la canne d’injection au contact de l’eau calcaire dans la canalisation, indique Jacques Clause, ingénieur d’affaires chez Cifec. En outre, c’est un produit instable : entre sa sortie de l’usine de fabrication et son utilisation en piscine, le degré chlorométrique diminue, créant ainsi une moins bonne efficacité du produit, une perte financière et la formation de bulles pouvant provoquer le désamorçage des pompes doseuses d’injection. » En comparaison, le chlore gazeux est plus stable, quelles que soient la durée du stockage et la température. L’installation d’un inverseur automatique de bouteilles de chlore permet en outre d’assurer une chloration continue sans surveillance particulière. Le manque de chlore est souvent L’eau magazine juin 2011 N°17 |