L'Eau Magazine n°17 jun à oct 2011
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32 Colloque fait que les stations d’épurations qui s’ouvrent aujourd’hui soient deux fois plus énergivores que celles qui existaient avant, « parce qu’elles sont plus compactes. Économiquement, le reuse peut être beaucoup plus intéressant. » Réaction de Didier Haegel, directeur général de Vinci Environnement et président du Synteau  : « Oui, le traitement exigé aujourd’hui par les maîtres d’ouvrages est plus gourmand en énergie. Mais si les donneurs d’ordre nous demandent des stations plus compactes, c’est parce qu’ils n’ont plus le foncier permettant de faire autrement. » Au-delà, Didier Haegel a précisé que « les industriels savent tout faire, en matière de reuse. » Mais pour quel usage ? quelle demande ? En France, la reuse est très limitée. « Les constructeurs estiment que les eaux usées traitées constituent une source intelligente et écologique d’économies d’eau, qui doit s’exercer dans des conditions elles aussi intelligentes… Nous souhaitons que les usages soient élargis. » La direction générale de la Santé, représentée par Nicolas Le Pen (Bureau de la qualité des eaux), a précisé l’esprit de l’arrêté d’août 2010 sur la réutilisation des eaux usées. « Il définit une procédure et quatre niveaux de qualité, ainsi que les contraintes d’usage qui vont avec. » Une demande a été diligentée par la DGS pour centraliser les retours d’expérience, mais elle n’a permis de récolter que les données de douze sites. « Nous n’avons pu étudier les données que de 2,3 millions de m 3 – à comparer aux 400 millions traités par l’Espagne chaque année. » Si l’arrêté peut sembler contraignant, a conclu Nicolas Le Pen, il a le mérite d’exister et d’avoir débloqué une situation « qui était bloquée faute de réglementation ». Sur la question du risque sanitaire, Valentina Lazarova a fait le point sur les différentes approches – celle de l’OMS et celle des États-Unis. Elle a indiqué qu’avec les normes les plus sévères en vigueur aux USA, le risque sanitaire est infime – « le risque Chritstophe Recoura d’infection virale est inférieur à un sur un milliard pour l’eau potable issue du reuse, alors que le risque toléré pour l’eau potable est de un sur 100 000. » José Rizo-Martin a conclu l’atelier en montrant la difficulté de la mise en place d’une réglementation européenne. Le sujet est actuellement à l’étude, et des échéances devraient être dévoilées prochainement. Économies d’énergie  : l’État accompagnera l’innovation Le deuxième atelier de l’après-midi a été consacré à la question de la récupération de l’énergie issue du cycle de l’eau – énergie que Bernard Saunier, président de Saunier & Associés, appelle « l’énergie fatale », parce qu’elle se perd dans la nature. Pour Bernard Saunier, il est tout à fait possible de chauffer les bâtiments à partir de « mix énergétiques » – 10% d’énergie fossile pour faire face aux périodes de pointe, et 90% d’énergie renouvelable. Exemple typique « d’énergie fatale » facilement récupérable  : la chaleur véhiculée par les réseaux d’eaux usées. Les réseaux de transport existent déjà, et il suffit de récupérer la chaleur grâce à une pompe à chaleur pour produire une eau chaude à 60°. La ville de Nanterre va par exemple inaugurer un écoquartier dans lequel 600 bâtiment sont ainsi chauffés à partir d’un réseau de chaleur basé sur les eaux usées. « D’autres systèmes sont possibles, explique Bernard Saunier, par exemple, récupérer la chaleur produite par une usine et l’utiliser, via les réseaux d’assainissement, pour chauffer des bâtiments. » Éric Garroustet, directeur général de Cotrasol et président du SFE 1 a expliqué les grands principes du forage géothermique, autre source potentielle importante d’énergie renouvelable. Il a insisté sur le fait qu’il s’agit là d’une technique extrêmement prometteuse, mais qui exige un encadrement pour ne pas mettre en péril la qualité des nappes phréatiques. Autre source d’énergie  : la valorisation des boues, comme l’a expliqué Ronan Nedelec, responsable du service études et méthodes à la direction de la prospective du Siaap 2. Deux techniques existent  : la digestion des boues permettant de les transformer en biogaz, qui peut ensuite être directement brûlé en chaudière, ou produire de l’électricité par cogénération. Deuxième possibilité  : la valorisation directe par incinération ou pyrolyse des boues – au rendement plus faible. Toutes ces techniques sont actuellement utilisées par le Siaap, et « nous menons des études sur la possibilité de réinjecter le biogaz épuré dans le réseau de gaz naturel, voire de le transformer 1 Syndicat national des entrepreneurs de puits et de forages pour l’eau et la géothermie 2 Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne. L’eau magazine juin 2011 N°17
en gaz naturel liquide. » Guillaume de Larminat, directeur des opérations chez VWS Municipal, a également détaillé les stratégies de constructeurs pour valoriser les boues. « Nous nous devons d’être prêts à répondre aux demandes des clients. Sur la question des boues, nous travaillons depuis une quinzaine d’années et nous avons développé énormément de procédés. Depuis 2006, nous sommes rentrés dans l’ère de la valorisation énergétique, puisque les maîtres d’ouvrage peuvent dorénavant vendre l’énergie issue de la valorisation. » Guillaume de Larminat a toutefois mis en garde les maîtres d’ouvrage sur une approche consistant à faire plus attention à la consommation énergétique des stations… qu’à la qualité de l’eau rejetée. « Les maîtres d’ouvrage doivent définir très clairement ce qu’ils souhaitent. On ne peut pas forcément avoir en même temps le Troisième partie traitement membranaire, des stations compactes, l’externalisation du traitement de toutes les boues… et l’autonomie énergétique. » Côté pouvoirs publics, le représentant du ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, Bruno Leboullenger, (direction générale de la Compétitivité, de l’Industrie et des Services - DGCIS), a fait part de ses attentes vis-à-vis des constructeurs. « Nous avons la préoccupation du coût pour les consommateurs. Nous voulons garder une énergie peu chère – la France produit le kWh le moins cher d’Europe. Or on sait que l’investissement dans les énergies renouvelables génère un surcoût. Il nous faut donc contrôler de près tout cela. De même, nous veillons à ce que les subventions soient soutenables – on ne peut pas construire une politique industrielle durable sur des choses aussi précaires Planification, financement et organisation des acteurs La dernière table ronde a permis d’aborder les questions de programmation et de planification. Le député du Pas-de-Calais et président du Comité national de l’eau, André Flajolet, a rappelé les objectifs du Grenelle et donné plusieurs orientations fondamentales (voir encadré page suivante). Alvaro Yanez Bruno Rakedjian, chef de projet Eaux résiduaires urbaines à la DEB, a fait le bilan de l’application de la directive Eaux résiduaires urbaines (DERU), qui a permis la remise aux normes des stations d’épuration  : « Fin 2006, 146 stations étaient non conformes. Il en reste une vingtaine 1 2 3 4 5 Colloque que les subventions de l’État. » Le ministère préfère visiblement accompagner les projets innovants, et pourrait accorder « des aides allant de 25 à 40% sur la R & D ». Enfin, les questions fiscales ont été abordées, Guillaume de Larminat regrettant les projets du gouvernement en matière de TVA  : « Tel que l’on comprend le projet, toute autoconsommation du biogaz produit sur un site de traitement des eaux usées serait soumis à TVA ; ce serait une décision qui irait malheureusement à l’encontre des incitations actuelles pour une démarche d’amélioration du bilan carbone de ces installations ». Il a également regretté l’enterrement de la taxe carbone – ce à quoi Bruno Leboullenger a répondu que cette taxe, « sortie par la fenêtre en France, pourrait bien rentrer par la grande porte européenne ». aujourd’hui. Seules deux stations n’ont pas commencé les travaux. » Le grand enjeu restant est celui des petites collectivités. Olivier Thibault, directeur général de l’Agence de l’eau Artois-Picardie, a confirmé que l’application de la DERU a été un aspect essentiel de la politique des dernières 1. Olivier Thibault, directeur général de l’Agence de l’eau Artois-Picardie 2. Bruno Rakedjian, chef de projet eaux résiduaires urbaines à la DEB 3. Alexis Delaunay, chargé du contrôle des usages et de l’action territoriale, Onema 4. Sophie Costedoat, direction générale de la Ccompétitivité, de l’Industrie et des Services 5. André Flajolet, député du Nord-Pas-de-Calais. L’eau magazine juin 2011 N°17 33



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