12 Office de l’eau de La Réunion Territoires en retard sur la directive », constate Gilbert Sam-Yin-Yang. D’où une politique active de la part de plusieurs collectivités pour moderniser, étendre, voire entièrement refaire leurs stations d’épuration (voir articles en pages 18 et 22 sur Port-Possession et la station du Grand-Prado à Saint-Denis). Reste la lutte contre les pollutions diffuses – nitrates, pesticides, etc. Si elle est également prioritaire pour l’Office de l’eau de La Réunion, la situation n’est toutefois pas jugée trop préoccupante par Gilbert Sam-Yin- Yang, qui estime qu’il n’y a pas « péril en la demeure ». « Les agriculteurs utilisent certes des pesticides, mais nous sommes, grosso modo, dans la norme à une ou deux exceptions près. Il y a cependant une tendance à la dégradation. Notre politique est surtout de faire en sorte que cette tendance s’arrête. » Interconnecter l’approvisionnement en eau potable Mais le problème majeur de l’eau à La Réunion – comme dans bien d’autres territoires d’outre-mer soumis à des pluies violentes – est celui de la régularité et de la sécurité de l’approvisionnement en eau potable, là où le réseau est alimenté par des eaux de surface. Lors des forts épisodes pluvieux, la turbidité des eaux augmente de façon spectaculaire : « Les crues chargent les eaux de matières en suspension, boues, biomasse, mais aussi bactéries et microbes. Et après les fortes pluies, nous sommes fréquemment obligés de couper l’approvisionnement en eau domestique. » L’orientation de l’Office de l’eau est donc la suivante : lorsque l’eau de surface est de bonne qualité, elle est captée. Lorsqu’elle ne l’est pas, le réseau doit être alimenté par l’eau souterraine. Il faut donc mettre en place des dispositifs complexes d’interconnexion pour lisser l’approvisionnement entre les eaux souterraines et les eaux de surface. Lors des forts épisodes pluvieux, les crues charrient de nombreuses matières en suspension. Reste que l’île manque de stations de traitement de l’eau potable. « Lorsque l’on prend de l’eau souterraine, le problème ne se pose pas trop, parce qu’il n’y a pas besoin d’autre traitement qu’une chloration pour désinfecter l’eau. Mais pour l’eau de surface, il faut potalibiliser. Or malheureusement, pour l’instant, cela se réduit encore trop souvent à un simple dégrillage suivi d’une chloration. Il va absolument falloir mettre aux normes la potabilisation, c’est-à-dire construire des unités de traitement. » 2010-2015 : 352 millions d’euros programmés Ces enjeux – mise aux normes des stations d’épuration et question de la potabilisation – sont au cœur du programme pluriannuel d’intervention (PPI) 2010-2015 – équivalent ultramarin des « programmes » des Agences de l’eau – doté d’une enveloppe de 63,14 millions d’euros pour la période (voir graphique). « Pour préparer le PPI, explique Gilbert Sam-Yin- Yang, nous avons fait une approche des besoins de financement. Le programme opérationnel a été chiffré à 352 millions d’euros, tous opérateurs confondus – Union européenne, État, Office de l’eau de La Réunion et porteurs des projets maîtres d’ouvrages – c’est-à-dire les communes et les collectivités locales elles-mêmes. » Les projets – tels que celui de la station de Grand-Prado à Sainte-Marie – proviennent donc de quatre sources différentes : – d’abord, les usagers de la communauté d’agglomération du nord de la Réunion (Cinor) composée des communes de Saint-Denis, Sainte-Marie et Sainte-Suzanne ; – puis les usagers de l’île entière, via les redevances – il s’agit ici de l’aide apportée par l’Office de l’eau ; – vient ensuite le dispositif dit de « solidarité interbassins » : les Agences de l’eau métropolitaines contribuent à ce titre au budget de l’Onema, qui dispose d’une ligne de crédit (de 14 millions en 2010) pour aider les travaux outre-mer ; L’eau magazine juin 2011 N°17 |