42 Cemagref Économies d’énergie Stations d’épuration : de l’économie d’énergie… à la production d’énergie Une donnée suffit à comprendre l’enjeu : la consommation d’énergie d’une usine d’assainissement de 5 000 000 EH peut être équivalente à celle de la ville de Nantes. C’est dire à quel point la question de la maîtrise de l’énergie est cruciale. Les stations d’épuration sont extrêmement énergivores – jusqu’à un cinquième de la consommation électrique d’une ville. Il est donc indispensable de se poser le problème de la réduction de ces dépenses énergétiques. Voire – et cette réflexion est menée par toutes les grandes entreprises du secteur – aller vers des installations qui ne font pas que consommer de l’énergie, mais qui en produisent. Peu à peu, les donneurs d’ordre entrent dans une logique où ils ne considèrent pas seulement le coût d’investissement d’une station, mais également son coût d’exploitation. Pour Catherine Ricou, directrice marketing et innovation chez Degrémont (groupe Suez Environnement), « les collectivités locales ont des objectifs de plus en plus ambitieux. On trouve dans nos cahiers des charges des exigences très fortes, avec une véritable volonté de travailler sur la durée : une usine va fonctionner pendant plus de vingt ans, on on raisonne donc aujourd’hui en coût global : coûts investissement et bilan d’exploitation. » Bilan qui inclut, forcément, les coûts de l’énergie. Même son de cloche chez Stereau, où Anne Delecroix, responsable ingénierie développement durable, explique même que certaines collectivités « font passer le bilan d’exploitation avant le coût d’investissement. C’est encore rare, mais cela commence. Quand on a un surpresseur qui consomme 30% de moins, ça a un coût. Mais sur le bilan d’exploitation, on regardera l’amortissement plutôt que le coût à l’achat. » Réguler l’aération Mais qu’est-ce qui consomme autant d’énergie, dans une station d’épuration ? « Clairement, c’est l’aération », répond Anne Delecroix. « Dans un bassin d’aération, explique-t-elle, on a de l’azote, qu’il faut transformer en nitrate puis en azote gazeux. Pour cela, on aère, en utilisant des surpresseurs qui vont envoyer des petites bulles dans le bassin. C’est cela qui consomme le plus. » Et là encore, une solution durable consiste à adapter l’opération au plus près des besoins, qui sont variables. Selon l’un des leaders de l’analyse et de la mesure de l’eau, Hach Lange, « une régulation de l’aération en fonction des besoins peut conduire à des économies d’électricité de 5 à 15% au minimum, quelle que soit la taille de l’installation. » Il s’agira notamment « d’utiliser des capteurs de mesure adaptés (mesure du potentiel d’oxydoréduction ou du nitrate et de l’ammonium.) » Chez Degrémont, Laure Graveleau, ingénieure Procédés eau à la direction technique, confirme que « l’aération représente 60% des dépenses énergétiques. Pour réaliser des économies, il faut aller vers une régulation dynamique de l’aération (débit d’air appliqué et durée de l’aération) ajustée au plus prêt des mesures de traitement de l’ammonium. » Degrémont a développé une régulation spécifique, Greenbass (Biological Aeration Sequenced System), se substituant aux régulations classiques (potentiel rédox ou oxygène) pour répondre à ce besoin – avec à la clé une économie d’énergie de 15%. Chez Stereau, la même démarche est en cours. « Au départ, explique L’eau magazine novembre 2010 N°16 |