14 AESN Territoires leurs fruits, lentement mais sûrement : « On voit progresser la qualité des masses d’eau, et l’on atteint peu à peu le bon, voire le très bon état dans certains secteurs. À preuve, entre le 8 e et le 9 e programme, nous avons pu refaire notre zonage : les régions à enjeux ont changé. Les têtes de bassin, les parties amont de l’Yonne, de la Marne, de la Seine, sont aujourd’hui passées en zones à faible enjeu. » C’est pourquoi Guy Fradin est confiant dans les capacités du territoire à atteindre les deux tiers de masses d’eau de surface en bon état d’ici 2015, comme l’impose le Grenelle. « En bon état écologique, précise-t-il. Ce qui est différent du bon état chimique, comme la loi le précise. En revanche, sur les masses d’eau souterraines, il ne faut pas se leurrer : j’espère que nous atteindrons les 50%, mais je n’en suis pas sûr. » Ces masses d’eau souterraines constitueront un enjeu majeur des années à venir. Le problème est bien plus complexe à traiter que celui des eaux de surface – et les délais bien plus longs : « Il n’y a pas de débit dans ces masses d’eau. Ce qui fait qu’on y analyse aujourd’hui des pollutions qui datent de quarante ou cinquante ans. Les actions que nous entreprenons aujourd’hui, sur les phytosanitaires et les nitrates, mettront autant de temps à devenir visibles. » Les grandes orientations pour l’avenir Le 9 e programme d’intervention de l’AESN court jusqu’en 2012. Il a fallu, en le mettant en place, que l’Agence apprenne à changer de logique en matière financière, en passant d’une logique de guichet à une logique de projet. « Trop souvent, les Agences ne sont considérées que comme des distributeurs d’argent, et chez La question de l’eau potable Dans une agglomération de douze millions d’habitants, la question de l’eau potable est évidemment prégnante. L’Agence de l’eau n’intervient pas directement dans ce domaine – ou plutôt elle n’intervient qu’en amont, sur la qualité de la ressource. Mais rappelons-le, les questions de captage, de traitement, de distribution, sont de la compétence des collectivités. « La directive communautaire sur l’eau potable, explique Guy Fradin, nous impose en revanche d’agir sur l’eau brute, à la source, pour faire en sorte que celle-ci ait le moins possible besoin de traitement. » L’Agence travaille donc avec tous les partenaires sur la qualité de l’eau à la source, et elle peut subventionner des usines de traitement – mais uniquement si, en nous, c’est encore plus vrai, puisque nous avons une politique de redevance élevée. » Mais avec la directive ERU, les demandes d’aide ont explosé et l’Agence a été dans l’impossibilité de faire face à toutes les demandes en même temps. « Nous avons donc été amenés à être plus sélectifs, à baisser un peu les taux, et à préparer un 9 e programme qui insistait sur le côté projet. » surface, il existe un vrai plan d’action pour stopper l’acheminement des pollutions vers la nappe. Pour ce qui est de l’acheminement de l’eau potable vers la Ville de Paris, l’AESN n’intervient pas. Sauf qu’une directive communautaire s’est penchée sur la question du plomb, et a exigé qu’avant 2013 soit mis un terme à la présence de ce métal dans le réseau de transport. De nombreuses collectivités se sont penchées sur le problème et ont entrepris de remplacer tous les raccords en plomb, et elles ont demandé l’aide de l’Agence de l’eau. « Cela a fait débat, parce que nous considérions que ce n’était pas de notre ressort. Mais finalement, nous avons accepté de faire une avance financière sous forme de prêt à taux zéro. » L’eau magazine novembre 2010 N°16 |