12 AESN Territoires Agence de l’eau Seine-Normandie, un bassin « capitale » Cent mille kilomètres carrés. Dix-huit millions d’habitants. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’Agence de l’eau qui intervient sur le bassin Seine-Normandie (AESN) doit faire face à des situations qui sont difficilement comparables avec celles que connaissent ses homologues. Plus encore que les chiffres, c’est le caractère varié du bassin géré par l’AESN qui est frappant : des boucles verdoyantes de la Seine du côté de Château-Gaillard à la Ville de Paris, des falaises d’Étretat aux cités d’Argenteuil, du port géant du Havre à la source de la Seine, du côté du plateau de Langres… quoi de commun entre ces régions, ces paysages, ces territoires si divers ? Comme l’explique Guy Fradin, directeur général de l’AESN, c’est « un territoire profondément polymorphe, qui regroupe à la fois 40% des industries du pays, d’immenses zones agricoles avec la Beauce et la Brie, des zones naturelles et forestières, des zones touristiques très importantes… ». Toute cette variété oblige à une différenciation nette dans les actions entreprises, mais avec, partout, un objectif en ligne de mire : l’amélioration de la qualité de l’eau. Dans cette région comme ailleurs, les responsables de l’Agence de l’eau visent à atteindre le bon état sur les deux tiers des masses d’eau, mais certaines difficultés sont ici plus prégnantes qu’ailleurs. « Il faut tout de même dire que sur ce bassin, la qualité de l’eau de surface s’est La rencontre de l’eau douce et de l’eau salée au Havre. beaucoup améliorée dans les quarante dernières années, explique Guy Fradin, grâce à tous les travaux entrepris par les collectivités et les industriels. On est, certes, encore loin des deux tiers. Mais il ne faut pas perdre de vue que c’est aussi dû au fait qu’il existe aujourd’hui beaucoup plus de paramètres déclassants qu’avant. » Pour les eaux souterraines, de l’aveu de Guy Fradin, la situation est « plus préoccupante », avec deux tiers des masses d’eau polluées par les nitrates et les pesticides. « Il y a là un travail qui va prendre beaucoup de temps. » Une politique de redevances élevées Si le bassin est bien l’un des deux piliers de l’édifice, l’Agence elle-même est l’autre : l’Agence de l’eau reste le support de l’autonomie financière de la gestion de l’eau, avec le privilège dont elle bénéficie (comme ses homologues des autres régions) de percevoir l’impôt. « Mais l’Agence n’est pas qu’un support financier, poursuit Guy Fradin. C’est aussi une structure de près de cinq cents personnes – et dont les instances ont pratiqué depuis toujours un AESN Guy Fradin, directeur général de l’AESN. niveau élevé de redevance et d’aide. » Résultat : un budget qui touche au milliard d’euros – c’est-à-dire à peu près le budget cumulé de toutes les autres Agences. Il faut rappeler que les Agences de l’eau ont la possibilité de fixer elles-mêmes leur taux de redevance – dans des limites encadrées par le Parlement, qui vote des plafonds. Le conseil d’administration de l’AESN, avec avis conforme du Comité de bassin, a décidé de taux « proches des plafonds ». Un haut niveau de redevance qui permet, en contrepartie, un haut niveau d’aide : pour une station d’épuration par exemple, l’Agence peut aller jusqu’à 40% de subvention, plus 20% de prêts à taux zéro. « Avec les aides du département et de la région, les collectivités peuvent atteindre un financement à 80%. » Les points noirs à traiter Pour Guy Fradin, s’il fallait tirer le bilan des efforts réalisés ces dernières années, c’est la remise aux normes des stations d’épuration qui prendrait la première place. Directive ERU 1 oblige, il a fallu combler un retard important, particulièrement dans les 1 Eaux résiduaires urbaines L’eau magazine novembre 2010 N°16 |