102 Europe et international L’eau, un enjeu essentiel dans la reconstruction d’Haïti Après être intervenu au lendemain du tremblement de terre de janvier 2010, Suez Environnement continue d’épauler Haïti par une aide à la réhabilitation des réseaux d’eau et d’assainissement du pays. Il est vrai que les besoins sont immenses et que c’est tout un secteur qui doit être reconstruit,voire « construit » tout court. Suez Environnement Après le tremblement de terre ayant frappé Haïti le 12 janvier dernier, Suez Environnement n’a pas hésité une seconde avant de décider de se mobiliser avec force. « Nous sommes très liés à ce pays que nous soutenons depuis longtemps, rappelle Alexandre Brailowsky, directeur de l’ingénierie sociale dans le groupe. Déjà, à la fin des années 1980, nous y avions mené des missions d’assistance technique. Puis il y eut un certain nombre de projets dans le cadre de notre association humanitaire Aquassistance, ainsi que des programmes avec le Gret (groupe de recherches et d’échanges technologiques) concernant l’encadrement des structures haïtiennes gérant l’eau. » L’intervention de l’entreprise dans le pays sinistré s’est traduite par deux actions majeures. D’une part, l’expédition de stations de filtration mobiles par avion et par bateau, via Aquassistance, pour pouvoir fabriquer de l’eau potable en urgence. D’autre part, la mise à disposition de cadres pour aider la Direction nationale de l’eau potable et de l’assainissement (Dinepa) à planifier la mise en œuvre de solutions transitoires : livraisons de camions d’eau, réalisation de forages, remise en état d’urgence des réseaux du service public… « De janvier à mars, deux équipes distinctes sont ainsi parties sur place. La première associait des bénévoles d’Aquassistance et des personnels d’Action contre la faim, pour une aide directe et d’urgence sur le terrain. La seconde, constituée de cadres du groupe, avait pour vocation d’organiser sur place la venue d’équipes de plombiers, d’électromécaniciens, d’agents de traitement d’eau… pour remettre en route les équipements d’eau et accompagner les équipes du service public local. Rapidement, grâce à l’effort de tous, trois unités mobiles ont pu commencer à produire 65 000 litres d’eau par jour. De leur côté, des réservoirs souples d’une capacité de 32 000 litres ont été mis en place dans les camps. » Aller au-delà de l’urgence Aujourd’hui que cette première vague d’interventions est passée, Suez Environnement poursuit sa route humanitaire en Haïti dans un souci de continuité. « Après la phase d’urgence, nous avons entrepris, à la demande des autorités et en collaboration avec des équipes locales, le lancement de programmes de réhabilitation et de reconstruction. À titre d’exemple, nous sommes intervenus en juillet dernier sur Jacmel, la seconde ville la plus touchée après Port-au-Prince. Nous accompagnons par ailleurs, par le biais d’une assistance technique opérationnelle, la réforme du secteur de l’eau qui avait été engagée avant le séisme. » Il est vrai que les besoins du pays sont si importants qu’il faudra longtemps avant qu’une amélioration se fasse réellement sentir. « Quand ce genre de catastrophe survient dans une ville de plus de trois millions d’habitants, on se retrouve confronté à une situation inédite par sa complexité. Nous devons réparer les dégâts d’un tremblement de terre d’une forte magnitude, sur une zone très urbanisée mais mal, avec un État relativement faible… Cela fait beaucoup de paramètres négatifs. Déjà avant le séisme, il y avait un accès à l’eau de la population inférieur à 50%. Mais ainsi que j’ai pu le constater tant en France qu’en Haïti, des choses très positives se sont produites. Déjà, chez Suez Environnement, il y a eu une forte motivation du personnel pour partir là-bas, dans des conditions pourtant difficiles. Sur place, nous avons vécu des petits miracles, comme le rétablissement en une dizaine de jours seulement, par nos équipes et celles du CICR (Comité international de la Croix Rouge), de l’alimentation en eau du bidonville de Cité-Soleil. » Reste que le retour à la normale ne sera pas pour demain. « Ce qu’il faut restaurer désormais, c’est un service public efficace et accompagnant de façon cohérente la replanification urbaine, conclut Alexandre Brailowsky. Aujourd’hui, on fait en sorte que les forages fonctionnent, que la population trouve de l’eau à proximité, qu’il y ait des sanitaires dans les camps de réfugiés. Mais la reconstruction proprement dite va prendre des années. Pour ce qui nous concerne, nous restons à disposition des autorités haïtiennes. Elles peuvent compter sur nous. » Sophie Bocquillon L’eau magazine novembre 2010 N°16 |