Europe Vers un accord mondial sur le climat : Copenhague, la dernière ligne droite Les scientifiques sont unanimes : les évolutions climatiques ont un impact sur la ressource en eau. KarlFALKENBERG précise ici ses attentes à l’égard de la Conférence de Copenhague. Les quelques semaines qui nous séparent de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, en décembre à Copenhague, sont essentielles. Elles doivent révéler dans quelle mesure les dirigeants mondiaux sont prêts à s'engager pour atténuer le changement climatique et se préparer à ses impacts négatifs, qui, nous le savons, se font déjà sentir, et se réalisent plus rapidement que nous le pensions. Dans ce contexte, plusieurs scénarii sont envisageables. L'un est le scénario que nous ne pouvons pas nous permettre, celui du blocage, sur fond de divisions Nord-Sud, de tiédeur des engagements et de manque de solidarité financière avec les pays en développement. L'autre, celui pour lequel l'Union Européenne se bat, se fonde sur la nécessité d'agir rapidement, concrètement, et de trouver un accord global et ambitieux. Pour que celui-ci se réalise, il faut tout d'abord que les pays développés clarifient leurs ambitions en matière de réductions de leurs émissions de gaz d'ici à 2020. Selon les travaux du Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat (GIEC), les pays développés devraient s'engager à réduire leurs émissions de 25 à 40% en dessous du niveau de 1990 d'ici à 2020 pour limiter à deux degrés Celsius le changement climatique. L'Union Européenne, pour sa part, s'est engagée à le faire, et réduira ses émissions de 20% à cette date, quoi qu'il arrive, et de 30% si nos partenaires font des efforts comparables. 60 DR KarlFALKENBERG, Directeur Général de l’Environnement à la Commission Européenne A ce sujet, quelques voix se sont exprimées pour affirmer que des taxes aux frontières seraient nécessaires pour protéger les pays qui réduisent leurs émissions de CO2. Cela n'est, à mon sens, ni une solution viable ni nécessaire pour l'instant. Au contraire, la meilleure façon d'éviter les problèmes de compétitivité et d'exportation des émissions de carbone est d'obtenir un accord ambitieux à Copenhague. Sans accord, l'Union Européenne a décidé de réduire de 20% et non de 30% ses émissions de gaz, et de mettre en place un système d'allocation gratuite des certificats d'émissions pour les secteurs exposés à la concurrence internationale, un ajustement supplémentaire n'est donc pas nécessaire. Si nos concurrents font des efforts comparables, corriger à la frontière sera inutile. Il est aussi très clair que, sans solidarité financière, nous n'aurons pas d'accord : on estime à 100 milliards d'euros les moyens nécessaires à partir de 2020 pour que les pays en voie de développement puissent faire face aux coûts de la réduction des émissions de C02. Une partie de cette somme sera financée par les pays en voie de développement les plus avancés eux-mêmes (entre 20 et 40%), une autre partie pourrait provenir des ressources générées par un marché du carbone global et performant (jusqu'à 40%). Le reste, de 20 à 40 milliards d'euros, dont près de la moitié sera nécessaire aux pays les plus pauvres pour pallier les impacts du changement climatique, qui les DR touche très durement, devra provenir de financements publics. L'Union Européenne a pris cette question à bras-le-corps et s'est engagée à contribuer justement à ce financement. La Commission Européenne a proposé que, selon la clé de distribution internationale choisie (niveau des émissions ou capacité de payer), l'Union pourrait assumer de 10 à 30% de cette somme, soit jusqu'à 15 milliards d'euros par an. Le Conseil Européen se prononcera sur cette proposition à la fin du mois d'octobre. Nous attendons de nos partenaires qu'ils précisent l'effort qu'ils seraient prêts à consentir eux aussi. Cet effort financier est évidemment étroitement lié aux actions que les pays en développement, et tout spécialement les plus avancés d'entre eux, accepteront d'entreprendre. Afin de contribuer à l'effort international d'atténuation du changement climatique, ils devront, en 2020, réduire d'une façon importante le taux d'augmentation de leurs émissions : de l'ordre de 15 à 30% par rapport aux projections actuelles de leurs émissions futures. La réunion de Copenhague est une opportunité historique qui ne se représentera pas. L'heure n'est donc plus ni aux jeux diplomatiques, ni à l'optimisme béat, encore moins au pessimisme alarmiste. Elle est à l'action déterminée, ambitieuse et courageuse. Une résolution qui anime, aujourd'hui, l'Union Européenne. KarlFALKENBERG |